Mercredi, le Conseil de sécurité de l’Onu a une fois de plus durci les sanctions contre la Corée du Nord suite à un nouveau test nucléaire procédé par Pyongyang.
La fréquence avec laquelle l’organe exécutif des Nations unies adopte des mesures restrictives pour contraindre ce pays à se dénucléariser remet en cause l’efficacité de ces mesures.
Sanctions ou pas, Pyongyang semble être résolu à poursuivre son programme nucléaire : à ce jour cinq essais ont été réalisés, dont le premier remonte à 2006. Plusieurs trains de sanctions ont été imposés à l’encontre de la Corée du Nord sur les dix dernières années, mais les tests se poursuivent bel et bien et ne font que gagner en puissance.
Face à cette situation qui ressemble de plus en plus à un abîme inextricable, la première question qui vient à l’esprit est celle de savoir si les sanctions que les membres du Conseil de sécurité (CS) adoptent à l’unanimité sont vraiment efficaces.
Ba Dianjun, qui dirige l’Institut de recherche sur l’Asie du Nord-Est près l’Université du Jilin (Chine), livre ses commentaires. « À l’heure actuelle, la Corée du Nord est visée par des sanctions du Conseil de sécurité de l’Onu ainsi que par des sanctions unilatérales décrétées par les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud. Nous appelons cela des « doubles sanctions ».
Les mesures actuelles du CS de l’Onu ont pour objectif la poursuite des pressions sur les exportations du pétrole (…) pour réduire les recettes en devises étrangères de la Corée du Nord et couper ainsi la source de revenus nécessaires au développement nucléaires et à la production de missiles », rappelle l’expert dans son commentaire à Sputnik.
Certes, les sanctions exerceront une nouvelle pression sur Pyongyang. Mais ce qui a le plus d’effet ce ne sont pas les mesures restrictives en elles-mêmes, mais l’unanimité de la communauté internationale dans sa position sur la Corée du Nord, poursuit-il.
« De l’autre côté, ce genre de sanctions contient beaucoup de lacunes. Ainsi, certaines compagnies commerciales japonaises privées peuvent importer certains fruits de mer nord-coréens et les vendre sur le marché nippon sous une autre étiquette. Le renforcement des doubles sanctions ne fait qu’encourager le développement du commerce privée », indique-t-il, soulignant que dans ce contexte on ne pouvait pas garantir une réduction des recettes en devises étrangères.
D’ailleurs, la Corée du Nord est susceptible d’adopter des mesures anti-sanctions en renforçant ses exportations dans les domaines non visées par les restrictions internationales, estime Ba Dianjun. « Il est en outre indispensable de prendre en compte l’exclusivité inhérente à la Corée du Nord.
Depuis les années 1990, la communauté internationale ne fait que renforcer les sanctions contre ce pays, mais à chaque fois ces mesures s’avèrent relativement inefficaces. J’ai l’impression que la Corée du Nord a développé une sorte d’immunité face aux sanctions étrangères.
Pour un pays extrêmement pauvre le renforcement ou l’affaiblissement des sanctions a le même effet que leur absence totale », a explicité l’expert. Selon lui, le monde devrait s’inspirer du modèle chinois qui combine les méthodes diplomatiques et les sanctions.
« En outre, le problème doit être réglé par celui qui l’a déclenché — les États-Unis doivent établir un dialogue avec la Corée du Nord, signer un accord de paix, diminuer le nombre d’exercices militaires (près de ses frontières, ndlr), atténuer les sanctions unilatérales et établir une confiance politique.
Seules ces mesures-ci permettront à la Corée du Nord de se sentir en sécurité. L’alliance de la diplomatie et des sanctions aura beaucoup plus d’effet », a conclu l’expert.
Source: Sputnik