Les États-Unis informeront le 2 février la Russie de leur retrait du Traité de désarmement nucléaire (FNI) et mettront au point des armements appropriés, a déclaré Donald Trump, soulignant que ce serait une réponse à «la violation» par Moscou de cet accord.
Le Président américain a promis de donner «une réponse militaire» à Moscou qui, selon lui, «viole» le Traité FNI et a lancé la procédure de retrait de son pays de ce document.
«Nous avancerons dans le développement de nos propres options de réponse militaire et nous travaillerons avec l’Otan et nos autres alliés et partenaires pour priver la Russie de tout avantage militaire découlant de son comportement illégal», indique le chef de l’administration américaine dans une déclaration publiée sur le site de la Maison-Blanche.
Selon lui, «pendant trop longtemps, la Russie a violé le traité FNI» en développant et déployant «secrètement» un système de missiles interdits.
«Demain, les États-Unis suspendront leurs obligations dans le cadre du Traité FNI et entameront le retrait qui s’achèvera dans six mois, à moins que la Russie ne revienne au respect du document en détruisant tous ses missiles, lanceurs et équipements associés violant le Traité», note la déclaration.
Le document souligne également que les alliés de Washington au sein de l’Otan le «soutiennent pleinement».
«La Russie enfreint le traité FNI et doit utiliser les six prochains mois pour revenir à une conformité totale et vérifiable ou assumer l’entière responsabilité de sa disparition», a de son côté indiqué Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan.
Plus tôt vendredi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a annoncé que le retrait de Washington «portera un coup extrêmement grave à un système de contrôle international des armes et de la non-prolifération des armes de destruction massive qui n’existe pas encore».
La Russie suspend à son tour sa participation au traité INF
En réaction, le président russe Vladimir Poutine a annoncé samedi que son pays suspendait sa participation au traité de désarmement nucléaire INF en réponse à la suspension américaine entrée en vigueur le même jour.
« Nos partenaires américains ont annoncé qu’ils suspendaient leur participation à l’accord et nous la suspendons à notre tour », a déclaré M. Poutine, au cours d’une rencontre avec ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou.
La Russie ne prendra plus l’initiative de négociations sur le désarmement avec les Etats-Unis, a ajouté le chef de l’Etat, cité par les agences de presse russes.
« Nous attendrons que nos partenaires (américains) aient suffisamment mûri pour avoir un dialogue d’égal à égal et significatif avec nous sur cet important sujet », a-t-il dit.
Moscou se réserve le droit à une riposte
La diplomatie russe a dénoncé, le vendredi 1 février, la décision des Etats-Unis de quitter un traité nucléaire crucial avec la Russie, affirmant que celle-ci s’inscrivait dans la « stratégie » américaine de « s’affranchir de ses obligations » internationales.
Ce n’est pas la question de la « culpabilité de la Russie (…), c’est la stratégie des Etats-Unis de s’affranchir de leurs obligations juridiques internationales dans différents domaines », a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, à la chaîne de télévision publique Rossia 1.
« Aucune preuve, aucune photo satellite (…), aucun témoignage » qui prouverait une éventuelle violation du côté russe n’ont été fournis par la partie américaine, a insisté vendredi Mme Zakharova.
« On nous dit: +on n’a pas de questions (à vous poser, ndlr), il faut juste que vous détruisiez tout+ », a-t-elle affirmé, tout en soulignant que la Russie était « toujours d’accord pour mener un dialogue sur le traité INF ».
Mais si les Etats-Unis « quittent vraiment le traité INF, Moscou se réserve le droit à une réaction appropriée et à une riposte », a prévenu Mme Zakharova.
Début décembre, Mike Pompeo a annoncé que Washington s’attendait à ce que la Russie respecte de nouveau le Traité FNI dans les 60 jours, ajoutant que si cette condition n’était pas remplie, les États-Unis sortiraient de l’accord.
Moscou a déclaré à plusieurs reprises qu’il tenait les engagements pris dans le cadre du Traité FNI et qu’il avait des questions à poser à Washington.
Les États-Unis avaient notamment exhorté la Russie à renoncer au missile 9M729 (SSC-8 selon l’Otan) ou à modifier le système afin que sa portée, comme le déclare Washington, ne viole plus le Traité FNI.
C’est en octobre dernier que Donald Trump avait annoncé que les États-Unis prévoyaient de sortir du Traité sur les armes nucléaires à portée intermédiaire signé le 8 décembre 1987 par Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan.
Le document en question abolissait l’usage de toute une série de missiles d’une portée comprise entre 500 et 5.500 kilomètres.
Sources: Sputnik + AFP