Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a affirmé que sa rencontre avec l’envoyé spécial américain à Beyrouth, Thomas Barrack, lundi, avait été « bonne et constructive ».
Dans une déclaration à l’issue de la rencontre, M. Berri a expliqué que celle-ci « avait soigneusement pris en compte les intérêts du Liban, sa souveraineté, les préoccupations de tous les Libanais, ainsi que les exigences du Hezbollah ».
Barrack est arrivé ce lundi au Liban pour rencontrer les trois présidences de l’exécutif et du législatif et recevoir la réponse du Liban à la proposition américaine, qui aborde plusieurs questions, notamment la demande de désarmement de la résistance. Sa visite se poursuivra jusqu’à mardi.
La réponse libanaise de 7 pages comporte 15 points parmi lesquels que la question de l’armement de la résistance est une affaire purement interne et qu’il faut respecter la spécificité libanaise.
Des observateurs ont constaté que l’émissaire américain a adopté « un ton diplomatique serein » sans toutefois fournir aucun engagement pour freiner l’escalade israélienne contre le Liban ni des garanties sécuritaires.
Lors d’une conférence de presse suivant sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun, il a qualifié la rencontre d’« importante et d’étonnante réussite » et a estimé qu’« une opportunité s’offre désormais aux Libanais, alors que la région est en pleine mutation ».
Il a aussi assuré qu’il n’y a pas de calendrier pour le dialogue qui restera ouvert.
Barrack: les Libanais doivent décider
Après avoir reconnu l’échec du mécanisme de surveillance de l’exécution de l’accord de cessez-le-feu conclu en novembre 2024 après les 66 jours de guerre, Barrack n’a fourni aucune garantie sécuritaire au Liban victime de violations ininterrompues depuis.
“Le mécanisme adopté entre Israël, le Hezbollah et l’armée libanaise n’a pas réussi. Les clauses du cessez-le-feu étaient insuffisantes et ce que fait le gouvernement libanais est de combler les vides », a-t-il affirmé, indiquant « qu’Israël veut la paix avec le Liban ».
Et de poursuivre : « Nous n’imposons rien aux Libanais et de ce qu’ils devraient faire mais nous les soutiendrons s’ils décident le changement. Tout le monde est fatigué de tout ce qui s’est passé ces dernières années, et maintenant nous avons une nouvelle architecture et nous devons nous y tenir. Chaque équipe doit renoncer à quelque chose. »
Il a demandé : « Le Hezbollah n’est-il pas un parti politique au Liban ? Pensez-vous qu’un autre pays résoudra le problème d’un parti politique dans un État souverain ? C’est votre problème, vous devez le résoudre. » Il a poursuivi : « Vous étiez la Suisse de l’Est, et vous pouvez maintenant saisir cette opportunité. La sécurité et la paix sont essentielles, et personne ne viendra si vous êtes en guerre. »
L’envoyé américain a affirmé que Washington « n’assume aucune responsabilité quant au contenu » de l’accord de cessez-le-feu, soulignant « l’existence d’un groupe de travail avec les forces de la FINUL pour le surveiller ».
Sachant que les Etats-Unis et la France ont parrainé cet accord et président le comité technique de sa surveillance via le général de division américain Jasper Jeffers, et le général français Guillaume Ponchin. Aux côtés du général de brigade libanais Edgar Lawandos, commandant du secteur-sud du Litani, et du commandant de Finul, le général Aroldo Lazaro.
Agressions israéliennes pendant la visite de Barrack
Pendant sa rencontre avec le Président de la république Joseph Aoun, un drone israélien survolait l’espace aérien de la capitale et de la banlieue sud.
Au sud du Liban, les attaques israéliennes se sont intensifiées avant l’arrivée de l’émisaire américain poursuivies depuis l’aube de ce lundi. Dans l’après-midi, un drone israélien a bombardé un véhicule Rapid dans la localité Deir Kifa dans le casa de Tyr (Sour), tuant un citoyen libanais, selon le ministère de la Santé.
En fin d’après-midi, l’aviation israélienne a mené un raid sur le village Chaath dans le casa de Baalbek, au nord-est du Liban et deux raids sur la localité de Beit Lif au sud. Un drone y a bombardé une moto, blessant son conducteur.
Dimanche, une série de raids israéliens avaient frappé plusieurs régions au sud du Liban et dans la Békaa à l’est.
Salam: L’Etat seul décide de la guerre et de la paix
À l’issue de sa rencontre avec l’envoyé spécial américain Thomas Barrack, le Premier ministre Nawaf Salam, a affirmé que « la limitation des armes et l’extension de l’autorité de l’État sont des points sur lesquels les Libanais se sont mis d’accord depuis l’accord de Taëf », soulignant que « le Hezbollah fait partie intégrante de l’État libanais et ses représentants ont voté en faveur de la déclaration ministérielle ».
Salam a souligné que « les attaques de drones dans le Sud et la Békaa sont condamnées par tous », précisant que le gouvernement « cherche à mobiliser le soutien diplomatique arabe et international pour mettre fin à ces attaques ».
Il a expliqué que « M. Barrack a reçu du président Joseph Aoun un document contenant une série d’observations conjointes émises par lui et le président de l’Assemblée, Nabih Berri ».
« Le document porté par l’envoyé américain comprend des dispositions pour une cessation des hostilités et la limitation des armes, en commençant par le Sud », a-t-il précisé.
Le Premier ministre a souligné que « l’État seul a le pouvoir de décider de la guerre et de la paix, et cela a été souligné lors des discussions », ajoutant : « Il n’existe pas de troïka. Il y a plutôt des délibérations et des échanges entre les présidents, et un ensemble de nouvelles idées libanaises est en cours de discussion. »
Il répondait aux critiques du chef du parti des Forces libanaises Samir Geagea à la réponse libanaise la qualifiant de « non constitutionnelle et d’illégale ».
« Le Premier ministre aurait dû convoquer une réunion du Conseil des ministres sans tarder et informer les ministres du contenu de la feuille de Barrack puis la discuter dans des réunions successives afin de prendre une position constitutionnelle officielle », a-t-il objecté.
Source: Divers