Les partisans d’un mouvement nigérian ont commencé mercredi à enterrer leurs morts après des manifestations brutalement réprimées par l’armée cette semaine.
Le Mouvement islamique du Nigeria (IMN) affirme que 49 personnes sont mortes au cours de trois manifestations depuis samedi.
Les forces de l’ordre ont tiré à balle réelle sur des membres de l’IMN qui manifestaient aux abords de la capitale fédérale, Abuja, pour réclamer la libération de leur leader, Ibrahim Zakzaky, emprisonné depuis près de trois ans.
Amnesty International a déclaré disposer « d’éléments de preuves solides » indiquant que la police et l’armée avaient utilisé des armes automatiques contre des membres de l’IMN pendant les manifestations pacifiques à Abuja ou alentour.
Selon l’ONG, 45 personnes ont été tuées: six samedi et au moins 39 lundi, jour où 122 personnes ont été blessées.
« Des vidéos et des témoins démontrent que les militaires nigérians ont dispersé des rassemblement pacifiques en tirant à balle réelle sans avertissement », ajoute l’ONG.
« L’horrible utilisation de force excessive » n’était pas un moyen de contrôler la foule mais avait pour but de tuer », ajoute Amnesty qui demande une enquête indépendante et des poursuites contre les responsables.
Dans le village de Mararaba, Etat de Nasarawa, voisin du territoire fédéral d’Abuja, des familles endeuillées se sont rassemblées mercredi pour préparer les funérailles de leurs proches.
« Ce sont les victimes que l’armée nigériane a attaquées lundi au poste de sécurité de Kugbo sur la route d’Abuja », a déclaré Abdullahi Mohammad Musa, membre de l’IMN, à l’AFP. « Nous enterrons 24 victimes. »
Six autres personnes ont déjà été enterrées plus au nord, dans la ville de Zaria, a déclaré le porte-parole de l’IMN, Ibrahim Musa qui assure qu’un total de 49 personnes ont trouvé la mort en quatre jours.
« Nous nous sentons mal, nous nous sentons lésés, nous sommes opprimés », a-t-il dit.
L’armée a annoncé mardi avoir arrêté près de 400 manifestants de l’IMN au cours de ces manifestations.
Le leader de l’IMN, Ibrahim Zakzaky, un virulent critique de l’axe américano-israélien, est emprisonné après la répression meurtrière des manifestations qui ont secoué Zaria (nord) en décembre 2015.
Des groupes de défense des droits de l’homme avaient alors accusé les militaires d’avoir tué plus de 300 musulmans chiites et de les avoir ensuite enterrés dans des fosses communes, ce que l’armée a démenti.
Depuis son arrestation, Zakzaky, qui a perdu un oeil dans ces violences de 2015, n’a été vu en public que deux fois.
Fin 2016, un tribunal fédéral avait jugé illégale la détention du leader des musulmans chiites et ordonné sa libération. Mais cette décision n’a jamais été exécutée.
Source: Avec AFP