L’avertissement adressé dimanche par Washington aux groupes terroristes qui occupaient le sud de la Syrie qu’ils ne devaient en aucun cas compter sur son aide dans la bataille en cours a certes surpris les observateurs. D’autant que durant ces dernières semaines, et depuis la libération des environs de la capitale syrienne et la préparation par l’armée syrienne de la bataille du sud, c’était le pouvoir syrien qui faisait l’objet des menaces américaines, contre une quelconque opération dans cette zone géographiquement sensible, en raison surtout de sa promiscuité avec le Golan syrien occupé par Israël.
Depuis, l’armée syrienne a lancé son opération, le 13 juin dernier, avec l’aide des avions russes qui ont bombardé les repaires des groupes terroristes dans la province de Deraa. En même temps, des groupes armés affiliés à l’Armée syrienne libre (ASL) se rendaient aux forces gouvernementales et se mettaient à leur disposition pour combattre dans leurs rangs contre le front al-Nosra qui a refusé de se rendre.
Le changement de ton de l’administration américaine laisse supposer qu’il y a un accord entre la Russie et les États-Unis.
Un observateur syrien au courant des tractations en cours entre les deux puissances assure pour le journal libanais al-Akhbar qu’elles avaient muri depuis le jeudi 22 juin dernier. Au moment où le délégué russe dans le groupe Task Force, le général Youri Tazarev mettait à Genève les dernières touches de l’entente conclue avec le diplomate américain Brime Green.
Ce jour-même, le département américain pour les Affaires étrangères avaient envoyé son premier message aux groupes armés de l’opposition leur conseillant de ne pas provoquer les forces syriennes régulières.
L’entente permettait à l’unité de la 4ème brigade dirigée par le célèbre général syrien Souheil al-Hassan de faire dans les deux provinces de Deraa et de Souweïda ce qu’elle avait fait dans les deux ghouta orientale et occidentale de Damas.
Or, ce n’était pas la première fois que l’administration américaine conseillait aux groupes armés de trouver un terrain d’entente avec les Russes. Un dirigeant de l’ASL, Fateh Hassoune l’a confié pour al-Akhbar : « à la fin l’an dernier, le vice-secrétaire d’état américain pour les AE, David Satterfield nous avait conseillé à Astana de profiter des suggestions faites par les Russes parce que l’administration américaine allait suspendre son aide aux factions du nord et du sud ».
Même révélation de la part du président de la Fondation de la paix au Moyen-Orient, Jeffrey Aronson, selon lequel les ententes américano-russes ont toujours eu lieu dans les grands tournants de la crise syrienne.
«Au regard de ces trois dernières années, et malgré les tensions qui les traversaient, nous allons nous trouver à chaque fois face à un accord effectif entre les différents protagonistes du conflit sur la manière de mener la guerre.
Raison pour laquelle nous sommes face à un deal dans le sud depuis un certain temps, en fonction duquel les Israéliens disposent du libre-accès de l’air, alors que les Russes et les Iraniens ont veillé à ne pas altérer les règles du jeu, tandis que l’Etat syrien est resté à l’écart », a-t-il dit pour al-Akhbar.
« Les éléments qui ont permis de parvenir à ces ententes sont toujours en action. Les Iraniens et le Hezbollah sont très prudents dans leur déploiement dans le sud syrien. Ni le régime, ni les Russes, ni Israël, ni les Etats-Unis ne soutiennent un déploiement militaire des Iraniens et du Hezbollah dans le sud syrien », croit savoir Aronson.
N’en demeure pas moins que la teneur de l’entente est toujours confuse. Si entente est. Bien plus que les déclarations officielles, les évènements sur le terrain devraient la dévoiler.