Aux affirmations de certains qui ont dit que les États-Unis étaient à la traîne de la Russie et de la Chine dans le domaine des armes hypersoniques, des experts américains cités par la chaîne CNBC ont répondu que Washington poursuivait un objectif différent de celui de Moscou ou de Pékin.
Les récents commentaires de responsables américains de la défense ont attisé les craintes que le pays ne perde la course aux armements hypersoniques face à la Russie et à la Chine. Mais ces appréhensions sont sans fondement, soulignent plusieurs experts cités par la chaîne CNBC.
Les États-Unis ne devraient pas être comparés à ces pays parce qu’ils ont un objectif différent dans la mise au point des armes hypersoniques, a indiqué la chaîne.
«Les États-Unis se proposent d’utiliser les missiles hypersoniques comme vecteurs d’armes conventionnelles, tandis que les deux autres pays se concentrent sur les charges nucléaires», a fait remarquer CNBC.
«On affirme souvent qu’il existe une course aux armements dans les technologies hypersoniques et que les États-Unis sont distancés», a noté James Acton, co-directeur du programme de politique nucléaire à la fondation Carnegie. Dans ce contexte, il a rappelé que Washington menait «une course différente de celle de la Russie et de la Chine» parce que Moscou et Pékin se concentrent sur le développement de missiles vecteurs d’ogives nucléaires, tandis que les États-Unis s’intéressent plutôt aux ogives non nucléaires, a-t-il expliqué.
«L’accent mis par les États-Unis sur les armes hypersoniques concerne le transport d’armes conventionnelles, tandis que la Russie et la Chine emploieront avec une plus grande probabilité des charges nucléaires», a affirmé de son côté George Nacouzi, ingénieur en chef chez RAND Corp.
Ces pays ont des objectifs différents, leur fait écho l’analyste de la défense à Singapour, Zoe Stanley-Lockman, qui a travaillé à l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (IESUE). Elle a affirmé par ailleurs que les missiles hypersoniques non nucléaires devaient atteindre les petites cibles avec plus de précision, alors que les missiles nucléaires n’avaient pas besoin d’être aussi précis.
James Acton a évoqué le succès de l’essai d’un planeur hypersonique testé sur environ 4.000 kilomètres, tandis qu’un missile semblable chinois aurait fait moins de 2.000 kilomètres. Il n’a toutefois cité aucune donnée concernant les armes hypersoniques russes.
Entre-temps, CNBC rappelle qu’un retard des États-Unis sur la Russie et la Chine avait été évoqué notamment par The National Interest qui a publié, début mai, un article constatant un écart se profilant dans le domaine des armes hypersoniques.
Les experts russes indiquent pour leur part qu’il n’est pas correct de comparer les armes hypersoniques des trois pays parce que les analystes américains ne font que justifier leur retard.
Selon les Américains, «la Russie se serait concentrée sur les armes hypersoniques à ogives nucléaires. C’est absurde, étant donné que notre pays met au point une arme hypersonique universelle et de haute précision», a affirmé à RT l’expert militaire russe Victor Baranets.
D’ailleurs, dès novembre dernier, Sergueï Denissentsev, directeur adjoint d’AST Centre (Centre d’analyse, de stratégies et de technologies), avait déclaré, cité par des médias russes, qu’il était incorrect de comparer les succès de différents pays dans le domaine, étant donné que les travaux étaient réalisés dans le plus grand secret et qu’il n’existait que des informations fragmentaires sur les succès réels.
La Russie a mis au point le missile hypersonique Kinjal. Selon Vladimir Poutine, cette arme est capable d’atteindre une vitesse de Mach 10 (dix fois la vitesse du son) et peut déjouer tous les systèmes de défense antiaérienne et antimissile actuels, transportant des ogives nucléaires ou conventionnelles à une distance de plus de 2.000 km.
Source: Sputnik