Plusieurs médias anglophones, ainsi que l’agence Bloomberg, affirment que des centaines de «mercenaires russes» ont trouvé la mort lors du raid aérien de la coalition dirigée par Washington. Mais l’assertion ne s’appuie que sur des conjectures.
Alors que la situation en Syrie se dégrade à nouveau, plusieurs médias, notamment anglophones, se font l’écho depuis plusieurs jours, de dizaines, voire de centaines, de «mercenaires russes» tués en Syrie. Lors du raid aérien de la coalition arabo-occidentale menée par Washington dans la nuit du 7 au 8 février 2018 dans la province de Deir ez-Zor, jusqu’à 200 «mercenaires russes» auraient ainsi trouvé la mort.
Pour Moscou toutefois, rien n’étaye un tel bilan, si ce n’est la presse qui se reprend elle-même. «Les comptes rendus évoquant des dizaines, des centaines de Russes relèvent de la désinformation classique», a déclaré ce 15 février Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, citée par Reuters. «Les premières données montrent que l’opération militaire a causé la mort de cinq personnes possiblement russes», a-t-elle reconnu, ajoutant toutefois : «Il ne s’agit pas de soldats russes.»
La veille, le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov avait également mis en garde les journalistes de ne pas se laisser induire en erreur par des chiffres inexacts. «Nous vous demandons de ne pas utiliser comme source première [concernant cette affaire] des articles de presse», a-t-il déclaré, rappelant que, comme c’est le cas pour d’autres pays, la Russie pourrait avoir de nombreux ressortissants présents en Syrie.
«Brouillard de guerre», incertitudes et spéculations
Parmi d’autres organes de presse, le tabloïd britannique The Daily Mail, qui n’hésite pas à brandir la menace russe en toute occasion, a évoqué le 14 février, citant un individu présenté comme un ex-responsable des services de renseignement russes, «des dizaines de mercenaires de Poutine» tués dans le raid aérien, aux côtés de centaines de combattants, pour arriver au chiffre impressionnant de 644 soldats mercenaires russes tués dans les combats au cours des dernières semaines.
The Guardian, autre quotidien britannique, avançant lui aussi la mort de «très nombreux mercenaires russes», s’appuie sur deux sources. La première est le New York Times, qui se montre pourtant beaucoup plus prudent. «L’essentiel de l’attaque, ainsi que les pertes humaines, sont floues à cause du brouillard de guerre. Pour des raisons qui restent peu claires, les forces gouvernementales syriennes et des citoyens russes semblent avoir attaqué une position de la coalition [dirigée par Washington]», rapporte le journal américain.
La seconde source reprise par le Guardian est l’agence Bloomberg. «Les forces armées américaines ont tué des dizaines et des dizaines de mercenaires russes en Syrie la semaine dernière dans ce qui pourrait être l’affrontement le plus meurtrier depuis la fin de la guerre froide», estime l’agence de presse le 13 février, citant comme sources un «responsable américain et trois Russes connaissant le sujet». Bloomberg, en outre, conjecture : «L’attaque russe pourrait avoir été une opération déloyale». A noter, d’ailleurs, qu’en quelques lignes, l’agence de presse est passée d’une «attaque ratée» de «plus de 200 soldats contractuels, en majorité russes, combattant au côté de Bachar el-Assad»… à, ni plus ni moins qu’une «attaque russe».
Source: RT