Le double langage a le plus souvent marqué la politique française concernant le conflit arabo-israélien.
Avec le président actuel Emmanuel Macron, il s’illustre dans sa toute sa splendeur.
Ayant accueilli ce vendredi le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, en tournée en Europe, il a refusé sa demande de reconnaitre un Etat palestinien.
Son rejet de la décision américaine de reconnaitre la ville sainte d’al-Quds comme capitale d’Israël se limitera donc aux positions verbales. Alors que l’Autorité palestinienne s’emploie afin de décrocher des mesures plus concrètes.
« La reconnaissance de l’Etat de la Palestine est un investissement dans la paix. Elle éloigne le spectre de l’extrémisme et du terrorisme », a défendu Mahmoud Abbas, lors de la conférence de presse avec M. Macron.
Ce à quoi ce dernier a répliqué : « Décider unilatéralement de reconnaître la Palestine est-il efficace ? Je ne crois pas. Car ce serait une réaction » à la décision américaine «qui a provoqué des troubles dans la région.
« Je répliquerais une erreur d’un type pareil », a-t-il insisté, ajoutant qu’il n’allait « pas construire le choix de la France en réaction » à la politique américaine.
Le président Abbas n’est même parvenu à obtenir une position française qui condamne la répression israélienne des manifestations palestiniennes qui se poursuivent pour le 16eme jour consécutif et qui ont fait 11 martyrs, des centaines de blessés et des centaines de palestiniens arrêtés, dont beaucoup d’enfants et d’adolescents.
« Les protestations palestiniennes à la décision américaine ont toutes été pacifiques, alors que de nombreux palestiniens ont été tués », a fait remarquer Abou Mazen, après avoir réitéré sa position exprimée qu’il n’accepterait plus « aucun plan » de paix de la part des Etats-Unis dans le conflit israélo-palestinien, assurant qu’ils s’étaient « discrédités » .
Quant au président français, il s’est contenté de rappeler la position française traditionnelle qu’il « n’y a pas d’alternative à la solution des deux Etats et pas de solution sans accord entre les parties sur Jérusalem ».
Les réactions des pays arabes et islamiques non plus n’ont pas transcendé les condamnations verbales exprimées aussi bien dans le cadre de la Ligue arabe que dans celui de l’Organisation de la conférence des pays islamiques. Ils se sont contentés de déclarer l’Est de Jérusalem comme capitale de l’Etat palestinien. Une mesure dont la mise à exécution n’est pas claire, sous l’état actuel de la colonisation en expansion.
Aucun de ces pays n’a approché les relations avec les Etats-Unis, ni avec Israël, pour ceux qui ont déjà normalisé, ni n’a révisé à la baisse les efforts déployés vers la normalisation avec l’entité sioniste, pour ceux qui sont sur le point de le faire.
Il en est de même sur la scène internationale: le vote de 128 pays de l’Assemblée générale contre la décision de Trump n’a aucun effet contrariant.
Alors qu’au sein du Conseil de sécurité, le veto américain a eu raison des positions des 14 autres pays qui ont rejeté la décision américaine.
Curieusement, la position la plus ferme est venue de bien loin.
De l’Afrique du sud, qui a décidé de rétrograder l’ambassade d’Israël en simple bureau de liaison, sous la pression de l’opinion publique.
La leçon à en tirer : ni le facteur religieux, ni le facteur nationaliste ne peuvent profiter à la solidarité entre les peuples. Loin de là, les valeurs chantées de la démocratie. Manifestement, les souffrances communes ont les effets plus profonds.
Avec AFP, Al-Arabi al-Jadid