Le journal pro-saoudien Asharq al-Awsat propose une curieuse analyse de la récente visite du roi Salmane en Russie. Le journal qualifie cette visite de paramètre stratégique inédit depuis la fin de la Guerre froide au Moyen-Orient.
Le quotidien décrit la présidence Obama comme « une calamité » pour les relations russo-saoudiennes, car les Américains « ont négocié un accord nucléaire de portée stratégique avec l’Iran », suscitant chez les Russes « la crainte d’avoir à faire face à un Iran poussé de force dans le camp américain ».
« Du côté de Riyad, poursuit le journal, la principale inquiétude consistait à voir la Russie “autoriser” l’Iran à bloquer le détroit d’Hormuz à coup de missiles de longue portée et de sous-marins. »
L’abracadabrante analyse du quotidien saoudien enchaîne :
« La visite historique du roi Salmane à Moscou a eu lieu sur fond de succès de l’intervention militaire russe en Syrie où Poutine a atteint ses objectifs stratégiques. »
Le journal saoudien, qui tient soigneusement à taire l’une des principales raisons de cette visite, à savoir la cuisante défaite saoudienne en Syrie et le désir du royaume d’amortir le choc de cette défaite en se rapprochant de Moscou, ajoute :
« Après tout, les objectifs de Poutine en Syrie ne font ni chaud ni froid à Riyad, car les Russes sont différents des Iraniens. La Russie est entrée en Syrie par la porte de l’Iran et elle veut en sortir par la porte saoudienne. »
L’analyse trop « optimiste » du journal évoque ensuite des « projets d’investissement pétrogaziers communs russo-saoudiens en Syrie », sans évidemment souligner à quel point un tel projet s’avère « difficile à réaliser » sans le feu vert de Damas et de ses puissants alliés.
Et l’article, qui passe sous silence la grave crise économique du royaume, de conclure : « Trump a débarrassé Poutine de son souci de voir l’Iran rallier le camp US et il n’a en ce moment qu’un seul souci, multiplier les accords pétrogaziers avec Riyad… Car après tout les investissements saoudiens en Russie pourront offrir une réelle puissance économique à Poutine, sur laquelle il pourra compter pour se faire réélire en 2018. L’argent saoudien pourra lui assurer un quatrième mandat au Kremlin. »
Source: PressTV