Dans un discours télévisé prononcé samedi soir à l’occasion de la Journée mondiale d’al-Qods, le secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naim Qassem, a abordé l’importance de sa célébration en faveur de la cause palestinienne, depuis sa proclamation par l’Imam Khomeiny. Il a aussi évoqué la situation actuelle au Liban depuis l’accord de cessez-le-feu, fustigeant la poursuite de l’occupation et les agressions israéliennes continues. Il a demandé à l’Etat libanais d’œuvrer par les moyens dont il dispose, estimant que « le temps permet encore de les résoudre par les moyens politique et diplomatique ».
« Il n’est pas permis qu’une équation autorise à l’occupation de faire ce que bon lui semble au Liban », a-t-il souligné incitant l’Etat libanais à faire face à l’agression israélienne.
« Il y a une limite à tout. Si le Hezbollah a fait preuve de patience c’est pour donner l’opportunité. La résistance n’aura d’autre moyen que de recourir à d’autres options si Israël refuse de respecter l’accord définitivement et si l’Etat libanais ne parvient pas à réaliser les résultats escomptés par les moyens politiques ».
Cheikh Naim Qassem a aussi estimé que la normalisation prônée par les Etats-Unis ne peut être admise, « à travers laquelle l’occupation israélienne veut obtenir ce qu’elle n’a pas obtenu par la guerre » indiquant que « les piliers de l’Etat libanais refusent ce processus ».
Il a en outre assuré que le Hezbollah n’a rien à voir avec ce qui se passe en Syrie ou la frontière libano-syrienne.
Idées principales du discours
« Ce jour est celui de la Journée mondiale d’al-Qods, celui que l’imam Khomeini a proclamé pour exprimer sa solidarité avec Jérusalem, la Palestine et tous les peuples opprimés du monde soumis à la tyrannie inique des Américains et des superpuissances qui tentent de subjuguer les peuples…
L’imam Khamenei a déclaré que la question palestinienne, pour l’Iran, n’est pas une question politique tactique ou stratégique, mais plutôt une question idéologique, spirituelle et religieuse. Ces faits illustrent l’ampleur de ce problème.
Nous pouvons comprendre ce qui s’est passé dans notre région depuis que l’imam Khomeini a déclaré la Journée mondiale d’al-Qods en 1979 jusqu’à aujourd’hui. Nous constaterons que de nombreux changements ont eu lieu dans l’intérêt de la libération de la Palestine. Parmi eux, l’Iran était l’Iran du Shah, un épouvantail pour tous et le gendarme du Golfe en coopération avec l’entité israélienne. Mais la situation a changé, et cette grande puissance du Golfe ne coopère plus avec Israël et ne le soutient plus. Au contraire, les changements ont eu lieu dans l’intérêt de la résistance. Aujourd’hui, il existe une résistance armée palestinienne profondément enracinée qui cherche à se libérer de la mer au fleuve. »
Une résistance enracinée
« Ces changements ont transformé la cause palestinienne en un enjeu mondial. Au Liban, il existe désormais une résistance forte et compétente. De même, au Yémen et en Irak, une force dynamise la résistance, en plus des pays et des peuples de la région. De même, dans le monde, des peuples et des pays ont fait preuve de solidarité et de soutien. Tous ces éléments constituent des changements positifs en faveur de la cause palestinienne, et nous sommes confrontés à une transformation majeure qui jouera pleinement son rôle…
Israël est une tumeur cancéreuse entre les mains des Etats-Unis. Nous sommes confrontés à des décennies d’expansionnisme israélien, qui se rétracte parfois face à la pression et à la résistance. Israël veut de même contrôler la Cisjordanie. Il n’existe pas de Palestine pour Israël. Le peuple palestinien ne peut pas être vaincu parce qu’il est dans son plein droit et cette victoire nous est promise dans le Livre de Dieu… »
Une question légitime
« Notre position en tant que Hezbollah est que nous croyons que cette question palestinienne est une question légitime, et il y a quatre principes qui nous font adhérer à ce droit :
La mosquée Al-Aqsa est la première des deux Qibla et le deuxième des deux sanctuaires les plus sacrés de l’Islam.
Nous croyons que le peuple palestinien a des droits et doit être soutenu face au mensonge.
Nous adhérons au commandement religieux sous notre direction représentée par l’Imam Khamenei, suivant l’approche de l’Imam Khomeini. Cette approche religieuse transcende toutes les considérations et toutes les frontières.
Nous pensons qu’il est dans notre intérêt de soutenir les opprimés et la Palestine, et que cela aura un impact positif sur le Liban, la Palestine et toute la région. Nous avons intérêt à défendre ce droit.
C’est pourquoi nous affirmons toujours notre engagement envers al-Qods, quelles que soient les complications. Nous avons foi dans la libération de la Palestine et avons intérêt à protéger le Liban. Nos intérêts et notre foi sont réunis. Le Hezbollah a fourni un soutien important à la Palestine, atteignant ses plus hauts niveaux avec le martyre du maître des martyrs de la nation, le martyr Sayyed Hassan Nasrallah, comme une véritable expression de notre soutien à Al-Qods. »
Le Liban, sur la liste d’annexion israélienne
« Qu’il soit connu que le Liban est sur la liste d’annexion israélienne, au moins le sud du Liban, son annexion et sa colonisation, et nous avons une expérience antérieure avec les agents de l’armée de Saad Haddad et de Lahed pour créer une bande occupée comme partie intégrante de l’entité israélienne. Cet objectif est toujours de vigueur. Israël veut occuper et annexer le territoire libanais, et il veut s’étendre. Ne nous sommes-nous pas demandé pourquoi ils n’ont quitté le Liban en l’an 2000, si ce n’est par la résistance, malgré l’existence de résolutions internationales? Pour la simple raison qu’il veut l’occuper. Il veut contrôler le destin du Liban, pour le transformer en lieu d’implantation dans le cadre du projet de déplacement des Palestiniens de leur terre… Nous sommes clairs : Israël est un ennemi expansionniste et ne connaîtra aucune limite. Notre résistance est un droit légitime et défensif, et elle doit se poursuivre. »
Empêcher les objectifs de l’ennemi
« Certes, la résistance ne peut pas empêcher l’agression, mais elle peut la contrecarrer et l’empêcher d’atteindre ses objectifs… Israël a fini par conclure un cessez-le-feu. Nous, au Hezbollah, avons pleinement adhéré à l’accord, nous n’avions aucune présence armée au sud du Litani. Mais Israël ne s’est pas retiré et continue d’occuper des régions libanaises et d’attaquer chaque jour des gens, des biens au sud ou dans la Bekaa et partout au Liban. Nous ne pouvons pas qualifier ce qu’Israël fait aujourd’hui de violations, mais plutôt d’agression qui a franchi toutes les limites, et toutes les justifications sont dénuées de sens… L’État libanais doit y faire face, et le temps permet encore une solution politique et diplomatique. Il incombe à l’État la responsabilité de sortir du cercle diplomatique à un certain moment pour faire face à l’occupation. »
Refus de la normalisation
« Aujourd’hui, ils disent qu’ils veulent faire entrer le Liban dans des processus politiques. Nous ne pouvons accepter la normalisation ni ces processus politiques destinés à réaliser des acquis au-delà de l’accord et de ses prescriptions, dans le but d’obtenir par la paix ce qu’ils n’ont pas obtenu par la guerre. Ceci est impossible. Dieu merci les piliers de l’Etat, les trois présidents, refusent tous ce processus de normalisation.
Si Israël ne se conforme pas et si l’État n’atteint pas les résultats souhaités, nous n’aurons d’autre choix que de recourir à d’autres options. Israël doit savoir qu’il n’obtiendra pas ce qu’il veut par la pression, que ce soit par l’occupation des cinq points ou par ses agressions répétées. Nous ne permettrons à personne de nous voler nos vies, notre terre, notre fierté, notre dignité et notre patriotisme. Nous ne sommes pas faibles face aux projets américains et israéliens… »
Partenaires dans l’Etat
« Le Hezbollah et le mouvement Amal ont réalisé un changement qualitatif en élisant un président, en complétant le gouvernement et en contribuant à la construction de l’État. Le Liban ne peut s’élever qu’avec tout son peuple, et personne ne devrait penser qu’il peut éliminer un quelconque parti. Pour édifier un Etat, premièrement, Israël devrait se retirer du Liban. Nous devons travailler ensemble pour un retrait sans condition. Deuxièmement, il faudrait que le gouvernement discute le sujet de la reconstruction sans condition. Le peuple libanais a le droit de voir son État reconstruire ce que l’ennemi israélien a détruit. Le Hezbollah sera aux côtés de l’Etat pour davantage de soutien. Troisièmement, nous devons poursuivre le processus de réforme et de sauvetage. Nous œuvrerons ensemble.. ».
Cheikh Qassem a terminé son discours en évoquant les événements qui ont eu lieu à la frontière libano-syrienne. « Certains tentent d’accuser le Hezbollah de certains événements qui se produisent en Syrie et à la frontière syrienne, mais c’est incorrect. Des massacres sont perpétrés contre le alaouites, les chrétiens et d’autres. L’armée libanaise a la responsabilité de protéger les citoyens des attaques qui se produisent à la frontière libano-syrienne ».
Il a conclu son discours en en disant que « la Journée d’Al-Qods est celle du grand honneur, c’est la journée de soutien à la Palestine, pour agir en faveur de sa libération. Tout l’honneur et la grandeur à la Palestine, au Liban, à l’Iran, à l’Irak au Yémen et à tous les peuples qui les soutiennent. »