La police nigériane a une nouvelle fois commis un massacre contre les musulmans chiites dans le nord du pays. Au moins 10 citoyens ont été tuées mercredi, et plus de 50 blessées par les tirs des les forces de sécurité dans l’Etat de Katsina (nord), a déclaré un porte-parole du mouvement islamique du Nigeria (IMN).
« Dix de nos membres ont été tués par la police et par des soldats, qui ont ouvert le feu sur une procession d’Achoura (martyre du petit fils du prophète Mohammad ‘S’) » dans la ville de Funtua, a expliqué à l’AFP Husseini Yero, porte-parole local de l’IMN.
Les gouvernements de Katsina, Kebbi et Kano avaient interdit aux musulmans chiites d’organiser leur traditionnelle procession religieuse.
A Kaduna (Etat de Kaduna), où l’IMN est totalement interdit depuis la semaine dernière, deux fidèles ont été tués.
Mercredi, des témoins ont rapporté qu’une foule de « centaines de personnes » ont mis à sac la maison de Mukhtar Sahabi, leader local de l’IMN, avant d’y mettre le feu.
« Nous essayons de retrouver deux de nos membres qui étaient dans la maison lorsque les pillards sont rentrés », a expliqué Ishaq Saleh, de l’IMN, craignant qu’ils « soient morts ».
Mercredi, l’armée nigériane avait pris d’assaut une mosquée chiite à Kaduna dans le centre du pays, empêchant les fidèles de sortir. Une dernière information en provenance d’Abuja avait fait état des balles tirées contre la foule, a pour sa part rapporté l’agence PressTV.
Avant le siège de la mosquée, des blindés de l’armée nigériane avaient été constatés aux alentours de cet endroit.
La commission des droits de l’Homme islamique dont le siège se trouve à Londres a appelé dans un communiqué les dirigeants nigérians à mettre un terme à l’encerclement de cette mosquée et à laisser les musulmans chiites utiliser leur droit légal au rassemblement et à la prière.
En décembre dernier, l’armée nigériane aviat massacré plus de 350 musulmans chiites et ont enterré les cadavres dans une fosse commune.
Le gouvernement de Kaduna a commandé une enquête indépendante, concluant en août que 347 chiites avaient été effectivement abattus, mais personne dans l’armée n’a à ce jour été jugé ou condamné pour ce massacre.
Le chef de l’IMN, Ibrahim Zakzaky, incarcéré plusieurs fois par le passé, a été arrêté depuis décembre, n’a jamais été poursuivi en justice et personne ne sait où il est détenu.
Une centaine de membres de l’IMN sont toujours incarcérés dans la prison centrale de Kaduna, dans l’attente de leur procès.
Le politologue nigérian Chris Ngwodo, basé dans la ville de Jos, dénonce « la manière dont le gouvernement fédéral et l’Etat de Kaduna gèrent le problème », qui encourage selon lui « l’émergence d’un fort sentiment anti-chiite » parmi la population.
Il convient de noter que les autorités nigérianes, qui entretient de bonnes relations avec la famille al-Saoud, sont critiqués par l’IMN pour leurs liens avec les Etats-Unis et « Israël ».
Source: Divers