Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis a soutenu vendredi lors d’une visite en Israël qu’il n’y avait « pas de doute » que le régime syrien de Bachar al-Assad a conservé des armes chimiques, mettant en garde Damas d’y recourir à nouveau.
M. Mattis a rencontré les dirigeants israéliens qui ont fermement soutenu la frappe américaine du 7 avril contre une base aérienne syrienne, en réaction à l’attaque chimique présumée du régime de Bachar al-Assad sur une localité rebelle du nord de la Syrie.
« Il ne peut y avoir aucun doute pour la communauté internationale que la Syrie a conservé des armes chimiques, en violation à son accord et à ses affirmations sur leur destruction », a affirmé M. Mattis devant la presse en présence du ministre de la Défense Avigdor Lieberman.
« C’est une violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, et elle devra être traitée au niveau diplomatique », a ajouté le chef du Pentagone, estimant que le régime syrien « prendrait une mauvaise décision en essayant d’utiliser à nouveau » des armes chimiques.
« Nous avons été très clair avec notre frappe », a-t-il assuré.
L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé mercredi que des tests prouvaient de manière « irréfutable » que du gaz sarin ou une substance similaire avait été utilisé à Khan Cheikhoun début avril. Et une étude israélienne a montré que le régime Assad était toujours en possession de « plusieurs tonnes » d’armes chimiques, a confirmé un responsable militaire.
Le président syrien a répété à plusieurs reprises que son régime ne possédait plus d’armes chimiques depuis leur destruction en 2013 après un accord américano-russe sur le démantèlement de l’arsenal chimique de la Syrie, encadré par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.
Il a fermement démenti avoir utilisé des armes chimiques contre la localité rebelle de Khan Cheikhoun, qualifiant les multiples accusations de « fabrication à 100% ».
‘Grandes opportunités’
M. Mattis a également rencontré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu puis le président israélien Reuven Rivlin.
Le Premier ministre israélien était tout sourire en accueillant le chef du Pentagone, saluant le « changement bienvenu » dans la politique américaine au Moyen-Orient depuis l’élection de M. Trump.
Israël est particulièrement satisfait des « mots très clairs et très francs » de Donald Trump et de Jim Mattis contre l’Iran et ses activités « déstabilisatrices » au Moyen-Orient, a expliqué M. Netanyahu.
Il a évoqué la possibilité de voir se constituer une sorte de front commun contre l’Iran et le groupe Etat islamique, reliant les Etats-Unis, Israël et des pays arabes.
Il y a de « grandes opportunités devant nous, parce que beaucoup de nos voisins arabes comprennent » qu’ils subissent les mêmes menaces, a-t-il déclaré.
M. Mattis s’était montré sur la même longueur d’onde un peu plus tôt.
« Notre alliance avec Israël est la pierre angulaire d’une structure de sécurité plus large qui inclut la coopération avec l’Egypte, la Jordanie, le royaume d’Arabie saoudite et nos partenaires du Golfe », a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse au ministère de la Défense.
Les relations entre Israël et les Etats-Unis s’étaient tendues sous l’administration Obama sur la question notamment des territoires occupés.
Les désaccords avaient atteint un sommet avec l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 entre Téhéran et les grandes puissances, fierté de Barack Obama mais farouchement combattu par M. Netanyahu.
Interrogé sur les intentions de l’administration américaine au sujet de cet accord, qualifié de « stupide » par Donald Trump, Jim Mattis s’est abstenu de prendre position sur le fond.
« Les Etats-Unis ont signé » cet accord « et il continue d’être appliqué », s’est-il borné à indiquer.
« En aucun cas » cela n’exonère l’Iran quant à ses « autres activités » dans la région, y compris au Yémen et en Syrie en guerre, a-t-il indiqué.
Donald Trump vient d’ordonner la réévaluation de l’accord afin d’examiner si la suspension des sanctions contre l’Iran est « vitale » pour les intérêts de sécurité nationale des Etats-Unis.
Source: AFP