L’Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les Etats-Unis estimant que cela « n’aurait aucun sens », au moment où le président américain Donald Trump suggère des pourparlers sans intermédiaire et menace de bombarder le pays en cas d’échec de la diplomatie.
« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (…) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n’auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.
« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi.
Donald Trump a adressé le mois dernier une lettre aux dirigeants iraniens appelant à des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l’Iran en cas d’échec de la diplomatie et pris des sanctions supplémentaires à l’encontre du secteur pétrolier iranien.
La lettre de Donald Trump a été remise à l’Iran par le biais des Emirats arabes unis. Téhéran y a répondu fin mars par l’intermédiaire du sultanat d’Oman.
Le chef d’Etat-major des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri, a révélé dimanche à la télévision d’Etat le contenu de la réponse de l’Iran.
« Nous avons indiqué dans une lettre que nous répondrions de toutes nos forces à toute menace (militaire), mais que nous ne sommes pas des bellicistes et que nous n’avons pas l’intention de déclencher une guerre », a déclaré M. Bagheri. « La lettre indiquait également que nous recherchions la paix dans la région », a-t-il ajouté.
Le président américain a affirmé jeudi qu’il préférerait tenir des « négociations directes » avec l’Iran. « Cela va plus vite et vous comprenez beaucoup mieux l’autre camp qu’en passant par des intermédiaires », a argué le président américain.
Les Iraniens « voulaient des intermédiaires » mais « je ne pense pas que ce soit encore le cas », avait ajouté Donald Trump à bord de l’avion présidentiel Air Force One.
« A quoi bon menacer? »
« Si l’on veut négocier, à quoi bon menacer? », s’est interrogé samedi le président iranien Massoud Pezeshkian, élu l’an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l’Occident afin d’obtenir un allègement des sanctions pour relancer l’économie.
L’Iran a conclu en 2015 un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Chine, Russie, Etats-Unis, France et Royaume-Uni) et l’Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.
Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d’un encadrement des activités nucléaires iraniennes.
En 2018, Donald Trump a retiré avec fracas son pays de l’accord durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En représailles, l’Iran a pris ses distances avec le texte et accéléré son programme nucléaire.
Source: Avec AFP