La Russie et l’Ukraine se sont mutuellement accusés mercredi de vouloir faire échouer un accord, annoncé la veille par l’intermédiaire des Etats-Unis et qui doit déboucher, sous conditions, à une trêve en mer Noire et à un moratoire sur les frappes visant les sites énergétiques.
Mercredi matin, les belligérants ont donc dénoncé les attaques menées dans la nuit par chaque camp.
Après un chassé-croisé diplomatique en Arabie saoudite de dimanche à mardi, les Etats-Unis négociant séparément avec des délégations russes et ukrainiennes, un accord a été annoncé sur une trêve à venir en mer Noire et la réactivation d’un accord devant permettre la navigation commerciale dans cette zone.
Mais Moscou a fixé des conditions drastiques à sa mise en œuvre, à savoir la levée de certaines sanctions visant la Russie et adoptées en raison de son assaut contre l’Ukraine qui dure depuis plus de trois ans.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé mercredi de nouvelles attaques nocturnes russes avec « 117 drones » explosifs, y voyant « un signal clair » que Moscou ne veut pas d' »une véritable paix ».
Un « nombre important » d’appareil ont été « abattus », a-t-il poursuivi, faisant toutefois état « de maisons, magasins, et des infrastructures civiles endommagées » dans la région de Soumy (nord) et d’une entreprise touchée à Kryvyï Rig (centre).
Pression sur le Kremlin
Volodymyr Zelensky a donc appelé ses alliés à faire « pression » sur le Kremlin, réclamant notamment « davantage de sanctions de la part des États-Unis », dont le président, Donald Trump, a entrepris un rapprochement avec Moscou.
Côté russe, le ministère de la Défense a accusé l’Ukraine d’avoir lancé des attaques contre des sites énergétiques.
« Malgré la déclaration publique de Zelensky acceptant les accords russo-américains (…), le régime de Kiev a poursuivi ses attaques », a-t-il accusé.
A l’issue des négociations en Arabie saoudite, la Maison Blanche a publié deux communiqués séparés au sujet du moratoire sur les frappes contre des sites énergétiques. Mais aucune date n’y était évoquée, ni aucune condition.
Ceux-ci disent que les parties étaient d’accord « pour développer les mesures pour la mise en œuvre (…) de l’accord sur l’interdiction des frappes contre les installations énergétique » dans les deux pays.
Moscou affirme de son côté ne plus frapper de tels sites ukrainiens depuis le 18 mars, et un appel téléphonique entre MM. Trump et Vladimir Poutine, lorsque ce dernier avait rejeté la proposition américaine d’une trêve totale et inconditionnelle que Kiev avait pourtant acceptée.
L’Ukraine dit que cela est faux, sans toutefois avoir publié la liste des sites touchés.
Pour Kiev, la Russie joue la montre en refusant un cessez-le-feu pour pousser son avantage militaire sur le terrain.
« Je pense que la Russie veut en finir (avec la guerre), mais il se peut qu’elle traîne les pieds », a d’ailleurs reconnu Donald Trump dans un entretien mardi.
Sommet à Paris jeudi
S’agissant de la mer Noire, le Kremlin a indiqué être en contact avec Washington pour aboutir à la mise en œuvre de l’accord de mardi sur une cessation des hostilités et la réactivation d’une initiative permettant la navigation commerciale, que la Russie avait quitté à l’été 2023.
La Russie réclame que soient notamment levées des sanctions bancaires et touchant aux assurances adoptées par les Occidentaux et qui de facto entravent les exportations russes de céréales et d’engrais par voie maritime.
Moscou avait claqué en 2023 la porte de l’initiative de la mer Noire, accord sous l’égide de l’ONU et de la Turquie, qui permettait à l’Ukraine d’exporter sa production agricole. La Russie estimait que les Occidentaux n’avaient alors pas tenu parole en ne levant pas lesdites sanctions.
L’Ukraine a depuis mis en place un couloir maritime lui permettant de commercer, mais ses ports et des navires à quai sont régulièrement attaqués.
A l’issue du cycle de négociations dont la portée reste incertaine, le Kremlin s’est dit satisfait de son rapprochement avec les Etats-Unis depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.
« Nous sommes satisfaits de la manière pragmatique et constructive dont se déroule ce dialogue », a commenté le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, faisant état de contacts « vraiment intensifs » en cours.
Face à ce rapprochement russo-américain, qui inquiète Kiev et l’Europe, le président français Emmanuel Macron recevra mercredi soir Volodymyr Zelensky à l’Elysée pour « préparer » le sommet du lendemain à Paris des pays de la « coalition des volontaires » prêts à apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine.
Source: AFP