Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que les nouvelles allégations des autorités de Manama selon lesquelles l’Iran s’ingérait dans les affaires intérieures de Bahreïn étaient infondées.
« Incapables de résoudre leurs problèmes internes et de répondre convenablement aux revendications civiques et pacifiques du peuple, les dirigeants bahreïnis attribuent de temps en temps, les désapprobations de leurs citoyens à l’Iran », a dit le porte-parole de la diplomatie iranienne Bahram Qassemi, rapporte sur son site la télévision iranienne francophone Press TV.
Le gouvernement de Manama avait récemment prétendu avoir démantelé « une cellule extrémiste et terroriste liée à l’Iran » étant impliqué dans les récentes attaques à Bahreïn.
« Il est fréquent de voir les régimes répressifs, en conflit avec leurs peuples, faire porter le chapeau à autrui », a précisé Qassemi avant de recommander au gouvernement bahreïni d’opter pour la sincérité, la justice et le respect des principes éthiques au lieu de recourir aux méthodes obsolètes et désuètes ainsi qu’à l’approche sécuritaire.
Depuis 2011, le peuple bahreïni organise en permanence des protestations pacifiques pour des réformes politiques dans cet émirat gouverné par la dynastie des Khalifa depuis plus de deux siècles.
Dissolution d’un parti sunnite
Ce lundi, le ministère de la Justice a engagé une procédure judiciaire pour dissoudre un groupe laïque d’opposition, (l’association) National Democratic Action Society (Waed), arguant de soi-disant « sérieuses violations du principe du respect de la loi, de son soutien au terrorisme (…) et de sa promotion d’un changement politique par la force », a précisé l’agence.
Le mouvement Waed est un mouvement sunnite de gauche, et son chef, Ibrahim Charif a été emprisonné à plusieurs reprises. Il avait été libéré en juillet 2016 après avoir été condamné pour « incitation à la haine » contre le régime.
Le petit royaume de Bahreïn, allié de grands pays occidentaux et siège de la Ve Flotte des Etats-Unis, fait l’objet de critiques croissantes de la part d’organisations de défense des droits de l’Homme pour la politique de la poigne de fer qu’il mène contre toute forme d’opposition, indique l’AFP. Sans toutefois qu’il le lâche prise sur le mouvement de contestation ni n’allège sa politique de répression de ce mouvement pacifique.
Le pouvoir wahhabite, qui a réprimé en 2011 avec l’aide de l’Arabie saoudite un mouvement de contestation , accuse régulièrement l’Iran d’alimenter des troubles à Bahreïn, ce que Téhéran dément, l’accusant à son tour de vouloir extrapoler ses problèmes internes.
Des manifestations sporadiques se poursuivent dans le royaume qui a durci sa politique sécuritaire en réprimant les défilés et en emprisonnant de nombreux opposants. Les autorités prétendant faire face à des groupes « terroristes ».
Dimanche, Bahreïn a haussé d’un cran sa répression en autorisant le recours à des tribunaux militaires pour juger des civils soi-disant accusés de « terrorisme » ou « ayant porté atteinte à l’intérêt public ».
Un amendement constitutionnel élargissant les compétences de la justice militaire, déjà approuvé le 21 février par la Chambre des députés, a reçu le feu vert du Majlis al-Choura, un simulacre de conseil consultatif dont les membres sont tous désignés par le roi.
Le principal mouvement d’opposition chiite, Al-Wefaq, a été dissous l’année dernière et son chef, Cheikh Ali Salmane, est emprisonné depuis 2014.
Sources: Press TV; AFP