Difficile de ne pas y voir une nouvelle guerre froide. Malgré la bienveillance affichée par Donald Trump à l’égard de Vladimir Poutine, une chaîne de télévision russophone financée par le Congrès des Etats-Unis vient d’être lancée ce mois-ci pour offrir à 270 millions de téléspectateurs de l’ancien bloc soviétique une alternative aux médias contrôlés par le Kremlin, tels le site Sputnik et la télévision RT, anciennement Russia Today.
Détail piquant: la chaîne étasunienne est gérée par Radio Free Europe/Radio Liberty et bénéficie de contenus de Voice of America, deux médias qui contribuèrent à la chute des régimes communistes en Europe de l’Est et dans l’ex-URSS.
Baptisée «Nastoïachtechee Vremia», c’est-à-dire «Heure Actuelle», la nouvelle chaîne financée à hauteur de 10 millions de francs dispose d’une centaine de journalistes basés à Prague (au siège de Radio Free Europe) et de correspondants sur le terrain. Ses programmes, diffusés 24 heures sur 24 par câble, satellite et Internet, incluent plusieurs heures dédiées à l’information pure, à des débats et des documentaires.
Le paradoxe Trump
«Nous croyons que notre chaîne objective et équilibrée servira d’alternative à la désinformation et aux mensonges que nous voyons parfois diffusés par les médias que finance le gouvernement russe», a déclaré Kenan Aliyev, le rédacteur en chef de la nouvelle chaîne, lors de son lancement officiel, le 7 février. «Il ne s’agit ni de propagande ni de contre-propagande», a ajouté Tom Kent, le président de Radio Free Europe.
Cela dit, «Heure Actuelle» diffuse entre autres une émission hebdomadaire intitulée «Réalités de Crimée» (péninsule annexée en 2014 par la Russie) et une autre appelée «Réalités du Donbass» (région de l’est ukrainien aux mains de séparatistes soutenus par Moscou). Par ailleurs, une émission dédiée à la vérification de faits contredit régulièrement des affirmations émanant de Moscou.
Etonnante, cette chaîne lancée par les Etats-Unis de Donald Trump, un homme qui malmène les médias?
En réalité, affirme Nenad Pejic, rédacteur en chef de Radio Free Europe, personne à la Maison-Blanche ne peut dicter sa conduite à la chaîne, dont la mission définie par le Congrès consiste à soutenir la liberté d’expression et la démocratie. «Nous existons depuis 60 ans, il y a un mur pare-feu entre le gouvernement et nous.»
Riga au cœur de la bataille
Au cours de sa phase test, qui a démarré par étapes il y a plus d’un an, «Heure Actuelle» a été consultée sur les réseaux sociaux par plus de 160 millions de téléspectateurs, affirme un communiqué de Radio Free Europe. Il s’agirait non seulement de personnes résidant en Russie, mais aussi de membres des minorités russophones en Ukraine, en Moldavie, dans les Pays baltes ou encore en Géorgie.
Ce n’est pas pour autant la première offensive occidentale. La chaîne britannique BBC diffuse un service en langue russe, dont les bureaux sont à Riga, en Lettonie. Dans ce même pays balte, tout comme dans l’Estonie voisine, les chaînes nationales ont créé des stations spéciales pour leurs fortes minorités russes. Enfin, Riga est devenu un sanctuaire pour les médias russes opposés au Kremlin.
Avec 24 heures