Le tribunal militaire israélien devant lequel a été traduit le soldat franco-israélien Elor Azaria pour le meurtre de sang froid du Palestinien Abdel Fattah al-Charif, blessé et réduit à l’impuissance, le 24 mars 2016 à Hébron, l’a condamné à 18 mois de prison, une année de probation, et une rétrogradation. Ses avocats ont annoncé aussitôt qu’il ferait appel.
Les juges militaires ont retenu l’intention de tuer, et écarté l’idée qu’il s’était senti menacé mais ont atténué sa responsabilité du fait qu’il s’est trouvé dans “une situation de combat” (caractérisée, il faut le rappeler, par l’occupation militaire particulièrement pesante de la ville de Hébron, où des centaines de soldats sont mobilisés en permanence pour “protéger” une poignée de colons juifs fanatiques particulièrement agressifs).
Au cours du procès, la défense de Azaria avait tour à tour prétendu qu’il s’était senti menacé et que le Palestinien sur lequel il a tiré était déjà mort.
Aussitôt après les faits, Azaria a été élevé au rang de héros national par la droite israélienne, et il avait ostensiblement bénéficié de mesures de clémence, comme une remise en liberté provisoire avant le procès.
Aujourd’hui le scénario se répète : dès la sentence connue, de multiples personnalités politiques – à commencer par plusieurs ministres du gouvernement Netanyahou comme Naftali Bennett (ministre de l’Éducation !) – ont réclamé qu’il bénéficie immédiatement d’une mesure de grâce. Devant le tribunal, des douzaines de personnes manifestaient, rapporte Haaretz, aux cris de “Le peuple d’Israël n’abandonne pas les soldats”.
La famille de Abdel Fattah al-Charif a quant à elle réagi en déclarant qu’elle “n’est pas surprise de la sentence, car [elle] savait que ce procès était un show qui n’avait pas pour but de rendre la justice. Alors que l’acte du soldat avait été enregistré en vidéo et qu’on voyait clairement qu’il s’agissait d’une exécution de sang froid, le tribunal n’avait retenu que l’accusation d’homicide et non celle d’assassinat, et l’accusation n’avait réclamé qu’une peine légère de trois ans. La peine qui a été prononcée est inférieure à celle que reçoit un enfant palestinien pour avoir lancé des pierres”.
Elor Azaria fait partie des Français qui tuent sous l’uniforme israélien, avec l’approbation tacite du gouvernement français. Ils sont plusieurs centaines.
En outre entre 15.000 et 20.000 Français vivent dans les colonies juives implantées illégalement en Cisjordanie. Pas étonnant donc que le mouvement d’extrême-droite Lehava ait fasse imprimer des autocollants de soutien à Elor Azaria dans la langue de Voltaire.
Au moins cette affaire a-t-elle le mérite de faire apparaître en pleine lumière à quel point la nation israélienne vénère des assassins parmi les plus méprisables et s’identifie à eux.
Simultanément, la droite israélienne file le parfait amour avec les éléments les plus clairement antisémites de l’entourage de Donald Trump, perpétuant de la sorte l’alliance historique ancienne entre le sionisme et les fascistes et autres adeptes de la suprématie raciale blanche.
C’est plus révélateur que tous les discours sur l’idéologie sioniste et son histoire.
Source: Pour la Palestine