La vacance présidentielle, la crise énergétique et la constitutionnalité des réunions ministérielles en l’absence d’un chef de l’Etat ont été les dossiers abordés par sayed Hassan Nasrallah sur la situation interne du Liban.
Il a retiré ses accusations aux Etats-Unis d’empêcher le Liban d’acheminer du fuel iranien pour résoudre sa crise endémique en alimentation d’électricité, défiant leurs alliés libanais d’obtenir de leur part une exception comme ce fut le cas avec l’Irak et l’Afghanistan.
« Nous sommes des maitres avec nos alliés. Montrez-nous si vous êtes des maitres avec les vôtres, ou si vous êtes leurs esclaves et leurs sujets », les a-t-il bravés.
Prix Soleimani
Le secrétaire général du Hezbollah a tenu ces accusations dans son discours prononcé ce mardi 17 janvier, lors de la cérémonie du « Prix international Soleimani de la littérature de la résistance », organisée dans la capitale libanaise par la fondation Asfar. Un prix est dédié à la mémoire de l’ex-chef de la force al-Qods, le général Qassem Soleimani, tué le 3 janvier 2020, dans un raid aérien américain en Irak, aux côtés du chef adjoint des forces de mobilisation populaire en Irak, Hachd al-Chaabi Abou Mahdi al-Mohandes.
Après avoir longuement parlé de l’importance des martyrs dans l’histoire de l’Islam, à commencer par ceux des premières batailles Badr et Ohod, puis en évoquant ceux de la résistance au Liban et ailleurs dans les pays de l’Axe de la résistance, pour conclure par les spécificités du martyr Soleimani, sayed Hassan Nasrallah a évoqué trois sujets qui font couler beaucoup d’encre au Liban : la vacance présidentielle, l’acheminent de fuel iranien pour résoudre la crise énergétique au Liban et la tenue des réunions gouvernementales taxées par d’aucuns de non constitutionnelles en l’absence d’un président.
Montrez-nous que vous n’êtes pas des esclaves
Concernant le sujet de la crise énergétique, s’illustrant par « la crise d’électricité qui affecte la totalité de peuple libanais toutes communautés confondues ainsi que la vie économique et la vie des gens », selon les termes de sayed Nasrallah, il a dit : « il y a quelques mois, nous avions dit que nous étions disposés a fournir du fuel de l’Iran, pour une durée de 6 mois, afin d’augmenter les heures d’alimentation quotidienne à 8 heures par jour, et afin de mettre le Liban sur la voie de la solution. Nous avons pris l’initiative et entrepris nos contacts avec les Iraniens qui ont accepté notre demande, ce que le ministre Abdollahian a assuré durant sa visite à Beyrouth », la semaine passée.
Et sayed Nasrallah de poursuivre : « la proposition du fuel est toujours de vigueur mais ce sont les Américains qui entravent sa réalisation ».
« J’avais dit dans le passé, lors de l’éclatement de la crise que chacun d’entre nous devrait profiter de ses relations avec les autres pays pour sauver notre pays. Nous avons investi notre relation avec l’Iran et il a accepté notre demande. Investissez la vôtre avec les pays dont vous êtes les alliés, avec les Etats-Unis et l’Arabie saoudite pour que cette transaction parvienne à terme », a-t-il ajouté. « Obtenez d’eux une exception comme cela a été le cas avec l’Irak et l’Afghanistan qui acheminent de l’électricité et du gaz iraniens ».
« Nous sommes des maitres avec nos alliés, montrez-nous vous êtes de même avec les vôtres. Sinon seriez-vous leurs sujets, leurs esclaves », a-t-il taclé aussi.
Personne ne veut délibérément de vancance présidentielle
S’agissant du premier sujet, la vacance présidentielle de vigueur depuis le départ de l’ex-chef de l’Etat, Michal Aoun avec la fin de son mandat fin octobre.
Sayed Nasrallah a rejeté les accusations lancées par quelques dirigeants libanais de la communauté maronite contre certaines parties libanaises de vouloir priver cette communauté de ses prérogatives politiques, notamment de de la présidence de la République qui lui est concédée par la charte libanaise.
Il a dit : « Nous comprenons que certaines autorités religieuses exercent une pression politique et médiatique sur les forces politiques représentées au Parlement afin d’accélérer les élections présidentielles, mais il importe de ne pas prononcer de discours qui attise les divisions communautaires »
Et d’assurer : « Je suis sûr qu’il n’y a pas de bloc parlementaire ou de forces politiques qui veuillent délibérément occulter la première position maronite… Tout le monde veut mettre fin à la vacance présidentielle pour ensuite former un gouvernement et ramener les choses à leur cours normal… Il est incorrect de promouvoir l’idée de l’occultation de la première position maronite et personne n’a l’intention de le faire. Personne ne prévoit la poursuite du vide présidentiel, je suis responsable (de mes mots). La vraie description aujourd’hui (de ce qui se passe) est qu’il y a plusieurs blocs parlementaires mais personne ne dispose de la majorité… C’est notre droit naturel de dire que nous voulons un président qui ne poignarde pas la résistance dans le dos. C’est aussi le droit naturel de tout bloc de dire qu’il ne veut pas de président proche du Hezbollah ».
Selon sayed Nasrallah, « l’une des manifestations découlant de la problématique de l’élection du président se trouve chez les blocs maronites ».
« Le bloc de la Résistance et ses alliés ont fait un effort pour former un gouvernement avant le vide présidentiel, mais il n’a pas été formé », a-t-il rappelé.
Les sessions ministérielles sont constitutionnelles
Sayed Nasrallah a évoqué en troisième position la problématique qui découle de la vacance présidentielle, s’illustrant entre autres par la tenue des réunions du cabinet ministériel en l’absence de chef de l’Etat.
« La plupart des experts constitutionnels, des chrétiens et des musulmans, disent qu’il y a une possibilité de réunion du gouvernement intérimaire et nous sommes convaincus (par cette approche) dans des limites retreintes et exceptionnelles…notre conviction constitutionnelle est que le gouvernement intérimaire a le droit de se réunir pour prendre des décisions sur les questions urgentes et indispensables qui ne peuvent être ajournées… Le problème essentiel qui nous a amenés à soutenir la tenue de la session gouvernementale était la question des médicaments, en particulier les médicaments anticancéreux, ainsi que les soucis et les besoins des gens », a-t-il affirmé.
« Nous sommes sous pression en raison des problèmes des gens. La question est en lien avec notre conviction, notre conscience, notre sens des responsabilités et les besoins des gens. Nous savions que cela allait avoir des répercussions mais nous l’avons accepté… Si le bloc de la Résistance n’avait pas participé à la réunion du gouvernement, les médias locaux et ceux du Golfe l’auraient accusé en chœur qu’il empêche l’avènement des médicaments anticancéreux », a-t-il ajouté.
Et de poursuivre : « nous avons le problème de l’électricité d’abord, celui de l’accord avec l’Irak qui devrait être renouvelé, et celui des pétroliers arraisonnés en mer qui encourent des amendes que le peuple libanais doit payer de l’ordre de 50 milles dollars par jour ».
Le gouvernement doit se réunir pour résoudre les problèmes des gens
Et de demander au gouvernement intérimaire de se réunir pour les résoudre.
« Nous espérions que la session gouvernementale se limiterait à la question de l’électricité car c’est la plus urgente et pour éviter les tensions politiques », a-t-il ajouté. « Lorsque nous assistons à la session du gouvernement, nous ne défions personne, mais nous travaillons dans le cadre de nos convictions pour résoudre les crises des gens », a-t-il ajouté.
Et de conclure sur ce dossier : « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à la réalité selon laquelle la solution possible disponible est que le gouvernement intérimaire se réunisse pour aborder la question de l’électricité, et celle du carburant, pour améliorer les heures d’alimentation en électricité et renouveler les contrats. Nous abordons les choses les plus urgentes pour éviter les tensions politiques dans le pays. Ceci exprime notre plus vif désir… Nous nous sommes engagés à être présents dans les sessions du Cabinet pour aborder la question de l’électricité. Et ce n’est un défi pour personne, si en notre présence ou en notre absence d’autres sujets sont discutés lors de la session. Nous assumons notre responsabilité morale envers le peuple, sans alignement avec quiconque ni renoncement. Nous ne voulons pas désavouer le système (politique), ni la Constitution, ni la charte ni le partenariat. Il nous importe de résoudre les problèmes urgents des Libanais de la manière disponible ».
Source: Al-Manar