Le géant russe Gazprom, qui avait réduit mercredi de 15% ses livraisons de gaz au groupe italien Eni, ne livrera jeudi que 65% des quantités réclamées, évoquant des problèmes techniques, a annoncé le géant énergétique italien.
« Face à une demande journalière de gaz de la part d’Eni supérieure d’environ 44% à celle d’hier, une hausse due à la récupération des quantités non reçues et aux dynamiques commerciales normales, Gazprom a annoncé que seulement 65% des volumes demandés seront livrés », a précisé Eni dans un communiqué.
Le mercredi 15 mai, le géant russe avait réduit de 15 % ses livraisons de gaz au groupe italien Eni pour cette journée.
L’Italie est très dépendante du gaz russe car elle importe 95 % du gaz qu’elle consomme, dont environ 40 % provenaient de la Russie en 2021.
Son Premier ministre italien Mario Draghi s’était rendu en « Israël », où il a plaidé mardi en faveur d’une plus grande autonomie énergétique : «Nous travaillons ensemble afin d’utiliser les ressources gazières de la Méditerranée orientale et pour développer des énergies renouvelables».
Depuis le déclenchement de son opération militaire en Ukraine et en riposte aux sanctions occidentales décrétées contre elle, la Russie a intensifié sa pression sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe, limitant de façon draconienne les flux de gaz vers le continent.
Le mercredi 15 juin, Gazprom a annoncé baisser d’encore un tiers ses livraisons de gaz via le gazoduc Nord Stream, affirmant avoir été forcé d’arrêter un équipement de l’allemand Siemens.
C’est la même raison technique qui avait été invoquée mardi 14 juin par l’énergéticien russe pour justifier une première baisse de 40 % de ses flux.
« Gazprom arrête le fonctionnement d’une autre turbine à gaz de Siemens à la station de compression Portovaïa », où se fait le remplissage de Nord Stream, et dont la production quotidienne passera jeudi de 100 à 67 millions de mètres cubes par jour, a indiqué le groupe. La veille, il avait déjà annoncé une première baisse de 167 à 100 millions de m3.
Cela porte à près de 60 % la baisse des approvisionnements quotidiens par le gazoduc sous-marin qui relie la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique.
« Il s’agit de toute évidence d’une stratégie visant à perturber et faire grimper les prix », a critiqué le ministre de l’Économie et du Climat, Robert Habeck, après la seconde salve de Gazprom.
Gazprom a indiqué mercredi que les exportations vers les pays ne faisant pas partie de la Confédération des États indépendants, un groupe réunissant neuf anciennes républiques soviétiques, avaient baissé de 28,9 % du 1er janvier au 15 juin par rapport à la même période l’an dernier.
Ces dernières semaines, Gazprom a interrompu ses livraisons de gaz à plusieurs clients européens ayant refusé de payer en roubles : notamment la Bulgarie, la Pologne, la Finlande, le Danemark, et les Pays-Bas. Il a déclaré qu’il va également fournir moins de gaz au groupe autrichien OMV.
Mais les revenus de la Russie n’ont, eux, pas été affectés, du fait de l’envolée des prix du gaz. Le Kremlin n’a de cesse d’affirmer dès lors que les décisions des dirigeants européens touchent avant tout leurs propres populations.
Actuellement, « la sécurité d’approvisionnement est garantie », a assuré Berlin mercredi. « Mais nous suivons les choses de très près », a ajouté le gouvernement, contraint de reconstituer ses stocks de gaz au prix fort avant l’hiver.
Dans ce cadre, l’Union européenne, ‘Israël’ et l’Égypte ont signé mercredi un protocole d’accord pour approvisionner l’Europe en gaz naturel.
Source: Avec AFP