Le drone Hassan qui a pu déjouer les radars, les avions et les antiaériens israéliens puis retourner sain et sauf sur sa base de lancement au Liban fait toujours parler de lui.
Au lendemain de cet évènement qui a défrayé la chronique au pays du cèdre, on rapporte que le nom de cet appareil qui a pu traverser une distance de 70km au nord de la Palestine occupée pendant 40 minutes revient à Hassan Lakkis, le père des drones de la résistance islamique.
Ce résistant est connu pour avoir été « l’un des cerveaux les plus distingués et les plus créatifs de la résistance », selon la description que lui attribue le SG du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah. Il l’avait connu depuis qu’il avait rallié les rangs de la résistance, à ses débuts, dans les années 80 du siècle dernier.
Ayant été un accroc pour tout ce qui a trait aux technologies, c’est Hassan Lakkis qui a développé l’arme du signal de la résistance.
On rapporte que c’est grâce à ses efforts et à celles de son équipe que le commando israélien est tombé dans une embuscade de la résistance à Ansariyeh, au sud du Liban en 1997. Une douzaine de militaires israéliens avaient alors été décimés.
Référence en matière des technologies et des armes, et expert logistique, il était le chef des achats au sein de la résistance.
Depuis les tous débuts de l’action de la résistance, un rêve le caressait : confectionner un armement aérien pour la résistance. A partir de 1988, il s’est mis à tenter de fabriquer des appareils volants en bois qu’il équipait de petits moteurs et de petites caméras.
A l’issue d’efforts considérables, la résistance a fini par mettre sur pied l’Unité de la force aérienne de la résistance islamique. Deux des membres de son équipe sont tombés en martyrs pendant qu’ils contribuaient à faire développer les capacités aériennes de la résistance.
Il avait visité les usines d’avions et d’appareils volants en Iran, y a rencontré d’innombrables experts pour profiter de leurs connaissances et leurs expériences.
C’est en 2004 que le premier drone du Hezbollah a été envoyé en Palestine occupé. Baptisé Mersad, il a surpris les Israéliens à l’imp
roviste.
Pendant la guerre 2006, on rapporte que des Mersad 2 sont entrés en action.
Mais c’est surtout à partir de cette date, que le travail de Lakkis sur les drones a connu un essor particulier. L’expérience de la guerre l’avait boosté dans ses recherches et son travail. Pendant la guerre, il avait perdu son fils dans un raid aérien contre un quartier de la banlieue sud.
Et en 2012 a été envoyé un deuxième drone, un appareil de reconnaissance. Baptisé Ayoub, en référence à Hussein Ayyoub, l’un de ses deux collaborateurs tombés en martyrs pendant son travail de perfectionnement des armes aériennes, l’appareil a survolé des sites sensibles israéliens pendant des centaines de km.
L’opération avait été annoncée par sayed Nasrallah en personne.
« C’est notre droit naturel que d’envoyer des drones de reconnaissance en Palestine occupée lorsque bon nous semble. Cette mission n’est pas la première et ne sera pas la dernière Inchallah », avait-il dit alors.
C’est surtout en Syrie, et lors de la bataille de Qousseir en 2013 contre les groupes takfiristes qui tentaient d’infiltrer le Liban depuis les frontières que ces drones ont été les plus efficaces. Les images étaient transmises directement vers la salle de commandement de la résistance qui conduisait les batailles sur le terrain.
« Après la bataille de Qousseir, Hassan m’a informé d’un nouveau plan : armer les drones. De sorte qu’ils puissent aussi bien prendre des photos que bombarder. C’était un projet qui le caressait depuis bien longtemps. Et effectivement, après un laps de temps, il m’a montré une vidéo qui filment le succès des exercices réalisés pour ce projet », raconte l’un de ses amis pour le journal al-Akhbar.
Bien connu parmi les Israéliens
A en croire les médias, c’est parmi les Israéliens que Hassan Lakkis était le plus connu. Ils le décrivent à la foi de sources des renseignements, comme étant celui qui a contribué « au perfectionnement des capacités militaires de la résistance », et qu’il était responsable « du mixage des armes techniques les plus sophistiquées de l’arsenal du Hezbollah », notamment celles constatées pendant la guerre 2006.
« Les améliorations des capacités militaires et techniques du Hezbollah peuvent être attribuées, à un degré incroyable, au travail d’une seule personne, qui est Hassan Lakkis », estime la revue américaine Tower Magasin dont les rapports sont basés sur les informations recueillies entre autres des renseignements israéliens. Il a écrit en mars 2014 que « ce personnage est l’un des plus grands avec la capacité d’inventer et de prendre des initiatives. Il fait partie des cerveaux technologiques les plus importants du Hezbollah. L’héritage de Lakkis au Hezbollah a accordé à cette organisation une longueur d’avance sur tous ses homologues du monde entier, en particulier en ce qui concerne les tactiques et technologies offensives et défensives, dont elle dispose désormais ».
Un haut responsable de la sécurité israélienne confiait au journal Haaretz, fin décembre 2013, que « Lakkis a également dirigé le projet de développement par le Hezbollah d’avions sans pilote, conçus non seulement pour la reconnaissance et la collecte d’informations, mais aussi pour s’infiltrer et bombarder des cibles ».
« Le chef du Mossad Mair Dagan disait que grâce à ses efforts, le Hezbollah dispose d’une puissance de feu que 90% des pays du monde n’ont pas », a avancé le journaliste israélien Ronen Bergman pour le Yediot Ahronot, et qu’il était à la tête de sa liste d’assassinat depuis les années 90 du siècle dernier.
Ayant fait l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat, il a été tué dans la nuit de 3 à 4 décembre 2013, dans un attentat attribué au Mossad.
12 hommes du Mossad étaient chargés de cette mission dont deux pour le tuer à bout portant, relate un ami sous le couvert de l’anonymat pour al-Akhbar. Les autres remplissant des rôles logistiques, de transport et de surveillance…
Il venait d’arriver à sa maison, lorsqu’on a ouvert le feu sur lui dans son garage externe.
« Lorsque je suis arrivé je l’ai trouvé, il était adossé à la porte de sa voiture, un pistolet à la main. Le sang coulait en fil de sa tête. Il souriait », poursuit cet ami.
L’appareil qui a porté le vendredi 18 février son nom fait partie des drones de reconnaissance et d’espionnage qui est capable de photographier les positions qu’il survole sur un rayon de 20 km.
Des sources assurent qu’il est arrivé au lac de Tabarayya (Tibériade) et a émis tout au long de son trajet des images en direct vers le centre de réception de la résistance. Cette dernière ne devrait pas tarder à en diffuser quelques-unes. Ainsi que les images du drone lui-même.
Selon les observateurs, la Résistance ne devrait pas tarder non plus à sortir la deuxième génération de ces drones, ceux qui tirent… et tiennent le plus à cœur de Hassan. Son âme plane toujours.
Source: Divers