Parfois nommé « le glacier de l’Apocalypse », en raison des conséquences dévastatrices que peut provoquer sa désintégration, l’énorme glacier de Thwaites inquiète les scientifiques qui constatent de nouvelles fissures et l’accélération du processus de sa fonte.
Une calotte glaciaire de 192.000 km2, soit à peu près un tiers de la surface de la France, le glacier Thwaites est susceptible de se désintégrer dans les cinq prochaines années, avertissent des scientifiques qui constatent de nouvelles fissures à sa surface, rapporte la revue américaine Science.
Lors d’une réunion de l’American Geophysical Union le 13 décembre, Erin Pettit, glaciologue à l’Oregon State University a comparé le glacier à un pare-brise avec quelques fissures.
« Vous voulez avoir un nouveau pare-brise mais un jour, bang, il y a un million d’autres fissures », lance-t-il.
Des satellites ont repéré un mouvement accéléré de la glace le long des fractures diagonales qui couvrent presque tout le plateau. Quand la plate-forme de glace se brisera, de grandes sections s’accéléreront probablement, augmentant jusqu’à 5% la contribution du glacier à l’élévation du niveau de la mer, contre 4% actuellement.
Risque de hausse du niveau de la mer de 60 cm
Ce qui inquiète le plus les scientifiques est l’incursion d’eau océanique chaude sous le glacier, ce qui lui fait perdre son emprise sur la montagne sous-marine.
Lors de leur dernière expédition, les chercheurs sont montés au sommet de la plate-forme de 300 mètres d’épaisseur pour utiliser un radar à pénétration afin d’imager le dessous de la glace. Ils ont été surpris de constater qu’il n’était pas plat et lisse, mais creusé par une série de vallées inversées, d’une cinquantaine de mètres de profondeur. Les variations locales de la température de l’eau suggèrent que ces vallées inversées créent des turbulences qui attirent des eaux plus chaudes, ce qui les approfondit.
Ce processus affaiblit la banquise et peut entraîner l’effondrement de l’ensemble du glacier ce qui, selon certains chercheurs, augmentera considérablement le niveau mondial de la mer.
« Le glacier Thwaites dans l’Antarctique occidental est une rivière de glace de la taille de la Grande-Bretagne qui a radicalement changé au cours des 30 dernières années. La vitesse à laquelle il se jette dans l’océan a doublé et l’on craint qu’un effondrement complet du glacier n’élève le niveau de la mer de plus de 60 cm », expose Peter Davis, océanographe physique au British Antarctic Survey (BAS).
Pire encore, la disparition du « glacier de l’Apocalypse » pourrait provoquer la fonte de l’ensemble de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental et ainsi faire augmenter le niveau mondial de la mer de 3,3 mètres.
Les scientifiques inquiets
Publiée mi-avril, une étude de chercheurs de l’université de Reading, en Angleterre, indique que si la communauté mondiale ne réussit pas à contenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, comme le prévoit l’accord de Paris sur le climat, plus d’un tiers de la zone de la banquise de l’Antarctique risque de s’effondrer dans la mer.
L’étude indique notamment que si les températures mondiales atteignent 4°C au-dessus des niveaux préindustriels, 34% de la superficie de toutes les plateformes de glace de l’Antarctique (environ 500.000 km2), y compris 67% de la surface de celle de la péninsule Antarctique, pourraient se détacher et finir en mer.
De leur côté, les climatologues de l’université de Harvard estiment dans une étude publiée fin avril que la fonte totale des glaciers dans l’ouest de l’Antarctique peut entraîner une élévation du niveau de la mer de 4,2 mètres.
Source: Sputnik