Les réseaux sociaux abondent de vidéos de combattants talibans saisissant une cargaison d’armes, pour la plupart fournies à l’armée afghane par les puissances occidentales, posant avec jubilation devant des hélicoptères d’attaque Black Hawk, brandissant des armes automatiques M4 et M16, voire des fusils de précision M24 utilisés par les tireurs d’élite, ou circulant à bord de véhicules blindés équipés de lance-roquettes.
Des images gênantes pour Joe Biden, dont la gestion du retrait d’Afghanistan est sous le feu des critiques.
« Tout ce qui n’a pas été détruit appartient aux talibans maintenant », a déclaré un responsable américain, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat.
Les responsables américains ont exprimé leur préoccupation quant à la remise de ces armements à des adversaires des Etats Unis, y compris la Chine et la Russie.
«Grâce au retrait raté de Biden, les Talibans sont mieux équipés aujourd’hui qu’ils ne l’ont jamais été», a tweeté la présidente du parti républicain Ronna McDaniel.
«Joe Biden est favorable au contrôle des ventes d’armes, sauf quand il s’agit de donner aux talibans des milliards d’armement militaire», a pour sa part déclaré l’élue pro-Trump Lauren Boebert.
Des législateurs US interrogent Austin
Les législateurs républicains au Sénat ont demandé au secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin de présenter un rapport complet sur les équipements militaires américains tombés entre les mains des talibans.
Dans une lettre à Austin, rédigée par le sénateur Marco Rubio de Floride, les sénateurs ont qualifié la saisie des armements US de « développement déraisonnable ».
« Il est inconcevable que des équipements militaires de haute technologie payé par le contribuable américain tombe entre les mains des talibans et de leurs alliés terroristes », ont écrit les sénateurs.
« La sécurisation des actifs américains aurait dû être l’une des principales priorités du département américain de la Défense avant l’annonce du retrait américain d’Afghanistan ».
Austin a également été sommé à « évaluer le temps qu’il faudrait aux talibans pour utiliser l’équipement capturé, ainsi que le potentiel pour la Russie, le Pakistan, l’Iran ou la Chine d’aider à utiliser ces armements ».
Selon les chiffres de l’Inspecteur général pour la reconstruction de l’Afghanistan (Sigar), un organisme du Congrès, « l’armée américaine a accordé ces dernières années à l’armée afghane plus de 7.000 fusils mitrailleurs, 4.700 véhicules blindés Humvee et plus de 20.000 grenades ».
« Elle a aussi livré à l’armée de l’air afghane plus de 200 appareils, mais seuls 167 étaient en état de voler le 30 juin », selon un rapport récent du Sigar.
Selon Jonathan Schroden, expert de la lutte contre le ‘terrorisme’ au cabinet de conseil CNA, « les armes les plus dangereuses saisies par les Talibans sont les obusiers de fabrication soviétique D-30 et les appareils de l’armée de l’air afghane créée de toutes pièces par Washington ».
« Même si les Talibans n’ont pas de pilotes capables de faire voler les hélicoptères américains, le Pentagone envisage de détruire les armements saisis par les insurgés », a de son côté indiqué mercredi 18 août le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby.
Le Pentagone «n’a pas encore décidé» de ce qu’il allait faire à leur sujet, a-t-il dit. «Nous avons plusieurs options à notre disposition (…) y compris la destruction».
Rappelons que Washington a dépensé depuis 20 ans, 83 milliards de dollars sous prétexte de former et équiper l’armée afghane.
L’image de l’Occident écornée
Le sort de l’Afghanistan après 20 ans d’intervention militaire dirigée par les Etats-Unis affaiblit l’Occident aux yeux de ses rivaux sur la scène internationale tels que la Russie, a déclaré jeudi 19 août le ministre britannique de la Défense.
«Ce qui me met mal à l’aise, c’est que nous avons un ordre mondial maintenant, où la détermination est perçue comme faible par nos adversaires, la détermination occidentale», a dit Ben Wallace à la BBC.
«C’est quelque chose qui devrait tous nous inquiéter: si l’Occident donne l’impression de ne pas avoir de détermination et qu’il plie, alors nos adversaires comme la Russie trouvent cela encourageant», a dit le ministre britannique de la Défense.
Sources: AlQuds al-Arabi + AFP
Source: Avec AFP