Ça aurait dû être quelque chose de banal qui mérite à peine l’espace d’une brève. Si ce n’est la réaction israélienne démesurée et le buzz soulevé sur les réseaux sociaux au Liban surtout de la part du public de la résistance.
C’est tout juste l’histoire d’une petite poule qui s’est hasardée en dehors de sa cage, pour fuir son jeune maitre, Hussein Chartouni, 9 ans, en direction de la clôture qui sépare le Liban de la Palestine occupée. Elle a depuis disparu.
« J’ai ouvert la cage pour lui donner à manger. Alors elle s’est évadée. Je lui ai couru après. Lorsqu’ils ont vu ma poule ils se sont mis à tirer en l’air tellement ils avaient peur », a raconté Hussein en parlant des soldats israéliens.
« 10 balles », selon le décompte du journaliste d’al-Manar, Ali Choeb, qui a rapporté l’histoire de Hussein, après l’avoir rencontré.
« Non je n’ai pas eu peur, moi », a-t-il poursuivi en rigolant, fier de lui, en répondant à la question du journaliste Ali Choeb.
« Je n’ai pas eu peur parce que je veux ma poule. Et oui, ils m’ont pris ma poule. Je veux ma poule », a-t-il répondu encore une deuxième fois, sûr de lui, lorsqu’Ali lui a demandé pourquoi il n’a pas eu peur.
Appartenant à une famille modeste, Hussein habite dans une petite maison de campagne, à quelques mètres de la frontière qui sépare son village Mays al-Jabal des colonies israéliennes du nord de la Palestine occupée. Du côté palestinien de la frontière se trouve une position militaire israelienne dans une zone appelée al-Jidar.
Depuis, la réponse de Hussein « Je veux ma poule » est devenu un tag sur les réseau sociaux. Accompagnée de blagues improvisées sur l’évènement, elle a fait le buzz, surtout dans les milieux de la résistance. Au Liban, la lutte contre ‘Israël’ prend aussi la forme de taquineries et d’histoires sarcastiques contre ‘Israël’.
« Nous avons une poule qui est allée faire une opération contre les Israéliens », ricane un internaute sur Facebook.
« La FINUL demande à toutes les poules des deux côtés de la frontière de ne pas franchir la ligne bleue », s’amuse Samar Faour, directrice d’une banque islamique, tournant en dérision les communiqués de la force de l’ONU qui interfère entre le Liban et les Israéliens.
« Des informations font état que la poule a été mangée par les Emiratis lors d’un diner d’hospitalité de l’ennemi », a pour sa part tweeté le journaliste iranien arabophone Mohammad Gharawi.
L’expert en Droit international Omar Nachabé s’est lui aussi joint à la valse, pour saluer le jeune Hussein en écrivant sur sa page Twitter: « Nous voulons une poule pour le garçon »
Les liens avec la normalisation entreprise par des pays arabes avec l’entité sioniste se sont aussi invités aux commentaires, bien plus sérieux, rendant hommage à l’attachement de Hussein à sa poule et à son courage face à l’ennemi israélien..
« Apprenez de la poule de Hussein Arabes renégats, apprenez de la dignité d’un enfant du sud », a commenté le journaliste Ahmad Khanafer, avec un ton plus sérieux. Et de poursuivre : « Espérons que ceux qui prônent la normalisation et ceux qui ont trahi la Palestine puissent apprendre de ce petit garçon de Mays al-Jabal qui a refusé de renoncer à sa poule alors qu’ils ont renoncé à la Palestine, à al-Quds, à leur dignité, à leur nationalisme, à leur religion »
« A l’ère de la normalisation, de la vente des terres et de la dignité pour quelques sous, un jeune garcon de notre sud donne une leçon de patriotisme et de sauvegarde de la terre et du droit », a écrit sur Twitter la journaliste star de la télévision libanaise al-Jadeed.
« Si une poule vous a fait tout cet effet, que vous arriverait-il si on vous envoyait un coq », a moqué le journaliste Hussein Mortada de la télévision iranienne arabophone al-Alam. Rappelant l’état d’alerte maximale décrétée à la frontière avec le Liban.
En effet cela fait depuis le mois de juillet que les militaires israéliens à la frontière avec le Liban sont invisibles. Ils sont barricadés derrières leurs positions blindées pour ne pas donner l’occasion au Hezbollah de descendre l’un d’entre eux.
Lors de l’un de ses discours, sayed Hassan Nasrallah avait menacé que l’un d’entre eux doit être à tout prix tué en riposte à la mort dans un raid israélien en Syrie de l’un de ses combattants. « C’est une question de dissuasion », a-t-il affirmé.
Depuis, c’est un véritable jeu de chat à la souris que livrent les combattants de la résistance libanaise au militaires de Tsahal.
Quelques temps après le discours, l’armée d’occupation israélienne avait déposé une poupée robot à la frontière, croyant qu’elle leurrerait les résistants. La plus puissante armée du Moyen-Orient était alors devenue la risée des libanais.
Certes, au pays du Cèdres, Tsahal préfère se ridiculiser. Elle l’a fait encore une fois en dérobant la poule de Hussein. Alors qu »Israël’ fait la pluie et le beau temps dans le monde arabe, ce qui se passe dans cette région du Liban est significatif.
« Si tu savais Hussein, cette région al-Jidar, d’où personne n’a osé te faire de mal, combien faisait-elle peur aux grands et petits, combient de gens y ont été tués de sang froid. Si tu savais Hussein que tes mots « Je n’ai pas eu peur », combien ont-ils coûté de sang, de larmes et de vies de jeunes à l’âge des fleurs », a pour sa part écrit Ahmad Choukeir. Ce qui résume l’euphorie de cette journée.
Source: Divers