Un site de liquéfaction de gaz dont l’entreprise française Total est actionnaire principal à hauteur de 40% est utilisé par un pays étranger au Yémen, affirment 51 députés français dans une lettre ouverte à Jean-Yves Le Drian. Il s’agit du site dont l’État français a accompagné la construction avec une garantie de crédit de 216 millions d’euros. Les parlementaires affirment que le lieu abrite une base militaire ainsi qu’une prison secrète attribuées aux Émirats arabes unis (EAU).
L’activité de l’usine a été gelée au début de la guerre, en 2015. L’installation représentait auparavant jusqu’à 45% des recettes fiscales du Yémen et rapportait aussi d’importantes recettes à Total.
L’un des députés signataires de cette lettre, François-Michel Lambert, coprésident du parti Liberté Écologie Fraternité (LEF), ne cache pas sa préoccupation dans un commentaire à Sputnik:
«Il est clair qu’on ne peut pas fermer les yeux sur les responsabilités françaises dans ce dossier. La France a des relations avec cette partie du monde dans un jeu de rôle où les choses ne sont pas forcément les plus claires.»
Au-delà même des considérations humanitaires qui, selon lui, devraient déjà interpeller dans cette affaire, il y a surtout une question de gestion d’argent public qu’il est indispensable de clarifier.
Le signataire du courrier estime que la France aurait pu faire un meilleur usage de ces 216 millions d’euros au lieu de les laisser servir les intérêts d’une puissance étrangère.
«Nous souhaitons que la diplomatie française fasse pression sur les Émirats arabes unis pour que soit rétablit l’état de droit. Le site est sur le territoire du Yémen, il est la propriété de Total, qui est l’actionnaire principal à hauteur de 40%, et il est occupé par une force étrangère, que la France aide par ailleurs. Il est probablement occupé avec l’aide directe ou indirecte de moyens militaires français. On est dans une situation particulièrement paradoxale et je dirais, s’il n’y avait pas de drames humains, qu’elle est ubuesque», insiste notre interlocuteur.
La France cultive de bonnes relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis, qui sont l’un des principaux clients du savoir-faire militaire français.
Le petit pays du Golfe persique était l’un des cinq principaux clients de la France en matière d’armes en 2019. Cette relation économique ne devrait pas infléchir la position de Paris dans cette affaire, estime François-Michel Lambert.
Source: Avec Sputnik