L’Arabie saoudite n’a pas été consultée par Washington au sujet du raid américain qui a tué en Irak le général iranien Qassem Soleimani, a déclaré dimanche un responsable saoudien. Dans une première réaction à l’assassinat du chef de l’unité al-Quds au sein du Corps des gardiens de la révolution islamique, ainsi que du numéro deux du Hachd al-Chaabi, les unités de mobilisation populaires qui ont combattu Daech en Irak.
« Le royaume d’Arabie saoudite n’a pas été consulté au sujet de l’attaque américaine », a déclaré à l’AFP un responsable saoudien qui a requis l’anonymat.
« Au vu des développements rapides, le royaume souligne l’importance de faire preuve de retenue pour se prémunir contre tout acte pouvant conduire à une escalade », a ajouté le responsable.
Selon la chaine 12 de télévision israélienne, les saoudiens sont plus plus inquiets qu’Israël.
Dans un article sur son site, le chroniqueur pour les questions arabes Ehud Yaari a révélé que Riyad a dépêché à Washington Khaled ben Salmane, le ministre de la Défense et frère du prince héritier Mohamad ben Salmane pour essayer de savoir les réelles intentions de Trump.
Khaled « Ben Salmane va rencontrer aux Etats-Unis les hauts responsables à la Maison blanche et au département d’état pour les Affaires étrangères et la Défense dans le cadre des tentatives du royaume de déployer ses efforts en faveur de l’accalmie et de la retenue », a-t-il écrit sur le site de la télévision.
Selon l’AFP, l’Arabie saoudite, allié des Etats-Unis et rival régional de la République islamique, est vulnérable à d’éventuelles représailles iraniennes promises par Téhéran pour venger le puissant général Soleimani tué vendredi à Bagdad.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a lancé vendredi un appel à la retenue et le roi Salmane a appelé à désamorcer les tensions lors d’un entretien téléphonique avec le président irakien Barham Saleh, selon l’agence de presse officielle saoudienne SPA.
Dans un autre entretien téléphonique avec le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a souligné « la nécessité de calmer la situation », selon SPA.
Depuis l’assassinat de Soleimani, la communauté internationale redoute une déflagration au Moyen-Orient. Le président américain Donald Trump, qui a ordonné l’attaque du drone, a averti que Washington frapperait l’Iran « très rapidement et très durement » si Téhéran se livre à des représailles anti-américaines.
Selon des analystes, les groupes pro-iraniens ont la capacité de mener des attaques contre les bases américaines dans les Etats du Golfe ainsi que contre les navires dans le détroit stratégique d’Ormuz.
« On peut s’attendre à ce que les représailles iraniennes (directes ou par l’intermédiaire de groupes pro-Téhéran en Irak, au Liban ou ailleurs) ciblent les alliés américains dans la région, y compris l’Arabie saoudite », a déclaré à l’AFP Thomas Juneau, professeur à l’Université d’Ottawa.
« Etant donné le climat aux Etats-Unis, où le soutien aux Saoudiens dans les médias et au Congrès est au plus bas, il sera difficile pour Trump d’engager des ressources importantes pour leur venir en aide », a-t-il estimé.
La timidité de la réaction américaine aux attaques dévastatrices contre des installations pétrolières saoudiennes en septembre 2019, qui ont été attribuées à l’Iran, ont amené Ryad et Abou Dhabi à adopter une approche plus conciliante pour éviter une confrontation avec l’Iran.
Au Yémen, l’organisation pro-iranienne houthie Ansarullah, engagée dans un conflit de cinq ans avec une coalition militaire dirigée par les Saoudiens, a également appelé à des représailles rapides après le meurtre du général Soleimani.
« L’agression ne restera pas sans réponse », a déclaré Mohammed Al-Bukhaiti, membre du bureau politique des rebelles, dans une déclaration à l’AFP.
« Quand, comment et où la riposte aura lieu seront déterminés par l’Irak et l’Iran et nous serons avec eux car nous sommes un centre de résistance », a ajouté ce chef rebelle.
Selon l’AFP, il n’était pas clair si cette menace est dirigée ou non contre l’Arabie saoudite, qui a intensifié ses efforts pour mettre fin au conflit au Yémen alors que les Houthis ont limité leurs attaques contre son territoire ces derniers mois.
Ryad accueillera lundi une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats arabes et africains riverains de la mer Rouge et du golfe d’Aden, une initiative visant à améliorer la coordination dans le domaine de la sécurité, ont par ailleurs indiqué les autorités saoudiennes.
Source: Divers