Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mercredi que l’assassin de l’ambassadeur de Russie en Turquie était un membre du mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire d’Ankara qui l’accuse d’avoir fomenté le putsch manqué en juillet.
« C’est un membre de l’organisation terroriste FETO, il n’y a pas besoin de dissimuler cela », a déclaré M. Erdogan lors d’une conférence de presse à Ankara, utilisant l’acronyme désignant le réseau de M. Gülen.
« Les éléments le montrent », a-t-il affirmé, évoquant « l’endroit où il a été éduqué » et « ses relations ».
Mardi soir, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu avait déjà affirmé, lors d’un entretien avec son homologue américain John Kerry, que Moscou et Ankara « savent » que le réseau de Fethullah Gülen est « derrière » le meurtre.
Mais le porte-parole du Kremlin a souligné mercredi l’importance d' »attendre les résultats du travail du groupe d’enquête », ajoutant qu’il ne fallait « pas tirer de conclusions hâtives tant que l’enquête n’aura pas déterminé qui est derrière l’assassinat de notre ambassadeur ».
Mevlüt Mert Altintas, un policier âgé de 22 ans, a tué lundi de neuf balles l’ambassadeur de Russie à Ankara, Andreï Karlov, avant d’être lui-même abattu, après avoir prétendu vouloir venger Alep.
Malgré ces déclarations qui semblent lier cet acte à la situation en Syrie, les enquêteurs turcs semblent avoir d’emblée privilégié la piste du mouvement de M. Gülen, souvent présenté en Turquie comme la principale source des maux dont souffre le pays.
Comme pour devancer les accusations, le prédicateur, qui vit en exil aux Etats-Unis depuis la fin des années 90, s’était dit « choqué et profondément attristé » par l’assassinat.
Gülen, qui nie toute implication dans le putsch manqué, est à la tête d’un mouvement appelé « Hizmet » (« service », en turc), qui compte un réseau d’écoles, d’ONG et d’entreprises.
Le gouvernement turc considère ce mouvement comme une « organisation terroriste », qu’il a baptisée « FETO », ayant pénétré les rangs de l’armée, de la police et de la justice.
Après le putsch avorté, les autorités turques ont lancé des vastes purges, notamment dans les rangs de l’armée et de la police.
« Je suis obligé de dire encore une chose (…) Cette vile organisation existe encore dans les rangs de notre police, tout comme dans notre armée », a déclaré mercredi M. Erdogan.
Avec AFP