La Cour internationale de justice (CIJ) a rejeté vendredi une requête des Emirats arabes unis qui demandaient des mesures spéciales à l’encontre de Doha dans une querelle qui oppose depuis deux ans le Qatar aux autres pays du Golfe.
L’origine du différend entre les deux pays remonte à juin 2017, lorsque l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte avaient coupé tous leurs liens avec le Qatar, qu’ils accusaient de « financer le terrorisme » et de soutenir l’Iran – malgré les démentis de Doha – et imposé des mesures punitives.
Le Qatar avait porté devant la CIJ en juin 2018 son différend avec les émirats, qu’il accuse de discrimination raciale et de violations des droits de l’Homme après le « blocus » qui lui a été imposé, créant des tensions avec ses voisins du Golfe.
La CIJ, organe judiciaire principal de l’ONU, avait ordonné en juillet 2018 aux Emirats de protéger les droits des citoyens qataris vivant sur leur territoire.
Dans un véritable jeu de ping-pong, les Emirats arabes unis ont répliqué devant la Cour en mars dernier en contestant les accusations qataries.
« Manque de fondement »
Lors d’une semaine d’audiences début mai devant la CIJ, basée à La Haye, Abou Dhabi a accusé le Qatar d' »aggraver » le différend datant d’il y a deux ans, lorsque leurs relations diplomatiques ont été rompues.
Vendredi, la requête des Emirats a été rejetée à une grande majorité par les juges de la CIJ, qui se prononcent sur les différends entre Etats mais ne disposent pas de moyens contraignants pour faire appliquer ses décisions.
« La Cour conclut que les conditions pour les mesures conservatoires ne sont pas réunies », avec 15 voix contre une, a déclaré vendredi le juge président de la Cour Abdulqawi Ahmed Yusuf.
Tensions dans la région du Golfe
Les mesures demandées étaient des mesures temporaires. La CIJ doit encore se prononcer dans la bataille juridique plus large entre les Emirats et le Qatar à propos du « blocus » dénoncé par Doha.
Depuis deux ans, l’Arabie saoudite et ses alliés, les émirats arabes unis,
Bahreïn et l’Égypte, ont interdit les avions qataris dans leurs aéroports et leur espace aérien, coupé les liens commerciaux et maritimes et fermé leurs frontières.
Ce revers juridique pour les Emirats intervient alors que les tensions montent dans la région du Golfe après des attaques contre deux pétroliers imputées à l’Iran par Washington.
« Le Qatar se félicite de la reconnaissance sans équivoque par la Cour du manque de fondement juridique et factuel de la demande formulée par les Émirats », a déclaré l’agent du Qatar auprès de la CIJ Mohammed Abdulaziz Al-Khulaifi.
Doha « a intenté cette action en justice pour protéger le peuple qatari contre la politique et la pratique de discrimination raciale (des Emirats). Ce sont les Qataris qui sont les victimes ici, et non le gouvernement des Emirats arabes unis », a-t-il ajouté.
Source: AFP