L’Arabie saoudite voudrait conquérir l’Iran, raison pour laquelle un jeu vidéo s’est largement répandu ces derniers jours simulant une guerre saoudienne contre ce pays.
L’information aurait du paraitre ridicule si elle n’avait été rédigée par le journaliste français Georges Malbrunot, qualifié de grand-reporter et si elle n’avait été publiée dans un journal français pour le moins sérieux Le Figaro.
Mais M. Malbrunot n’est pas étranger aux publications douteuses vraisemblablement émanant des cercles de renseignements et aux visées suspectes. Surtout lorsqu’il en fait de trop, comme c’est le cas dans son récent papier.
Entre ses lignes, il y a un effort apparent pour faire croire que la guerre est imminente. Tout en relayant les positions hésitantes.
Comment fait-il ?
Tout d’abord, il rapporte une information qu’il dit tenir d’une source militaire française : le prince héritier saoudien Mohamad ben Salmane aurait demandé un plan pour la conquête de l’Iran à ses généraux lesquels en auraient parlé à leurs homologues français. Pour paraitre plus persuasif, il enchaine avec une autre information d’ordre pratique : Riyad aurait demandé à la France des canots destinés à être dépêchés sur le littoral iranien. Et pour terminer, il avance que Paris l’a mise en garde contre une telle aventure. De quoi laisser entendre que MBS est capable de déclencher une telle conquête, alors qu’il est embourbé depuis 2015 dans l’engrenage yéménite, et n’arrive pas à gagner cette guerre contre les Houthis, en dépit du grand déséquilibre des forces en sa faveur. Ces derniers jours ses soldats et mercenaires ont subi de lourdes pertes dans les trois provinces du sud limitrophes avec ce pays. Ouvrir un nouveau front à l’ouest lui serait sérieusement préjudiciable. Les dirigeants iraniens en sont pleinement conscients et ont maintes fois tourné en dérision ses menaces…
L’autre signe qui rend la guerre plus plausible, selon Malbrunot, est la politique agressive à l’encontre de l’Iran, suivie par Washington depuis l’avènement de Donald Trump au pouvoir et l’entrée en jeu du conseiller à la Sécurité US farouchement hostile à l’Iran John Bolton. Une politique d’autant plus explosive qu’elle est conjuguée à la volonté de MBS et du prince héritier émirati Mohamad ben Zayed de faire glisser les Américains vers la guerre.
Sur les réelles intentions de Washington, l’article semble très confus. Il dit la chose et son contraire. D’un côté il affirme que les Américains ne veulent pas la guerre. De l’autre il argue qu’ils sont prêts.
Mais en même temps, il s’efforce de leur accorder un alibi : ils se sentent menacés par l’Iran pour leurs bases en Irak et en Syrie. Bien entendu, la présence américaine dans ces deux pays n’est nullement remise en cause dans l’article du Figaro. Lequel n’évoque pas non plus que Trump, depuis qu’il est président des USA a proféré des menaces de guerre contre deux pays au moins, sans jamais les mettre en exécution: la Corée du Nord et le Venezuela.
Face à ces lacunes, les intentions douteuses d’une telle publication ne saurait être cachées. Garder la tension sur la République islamique d’Iran et lui faire croire qu’elle risque la guerre. Cet article est d’autant plus louche qu’il est intervenu au lendemain d’une décision de Téhéran de se délester progressivement de l’accord nucléaire. Depuis les Français, les Allemands et les Britanniques sont à la tâche pour l’en empêcher. Il semble que M. Malbrunot fait partie de la valse.
(L’article s’est basé pour les idées principales de l’article du Figaro sur la traduction du site d’informations qatari Watanserb)