Un raid de la coalition dirigée par les Etats-Unis a tué et blessé mercredi des dizaines de civils à Al-Qaïm, une ville de l’ouest de l’Irak qui est aux mains du groupe takfiro-wahhabite Daesh (EI), selon des responsables irakiens.
Le chef du Parlement irakien, Salim Joubouri, a affirmé qu’une frappe aérienne sur Al-Qaïm avait « visé un marché destiné aux civils et tué ou blessé des dizaines d’entre eux ».
Des responsables de la province d’Anbar, dans laquelle se trouve Al-Qaïm, ont déclaré que des dizaines de civils avaient été tués dans le raid effectué dans l’après-midi sur la ville située sur l’Euphrate et tout près de la frontière entre l’Irak et la Syrie.
Maath al-Joughaifi, un leader tribal à Haditha, non loin d’Al-Qaïm, a évoqué un bilan de « 70 à 80 morts » dans le raid. Il a affirmé que la frappe avait été menée par la coalition dirigée par les Etats-Unis.
‘Des familles entières tuées’
« La frappe a atteint un marché à une heure d’affluence, il y avait des retraités qui faisaient la queue pour toucher leur pension, des gens qui touchaient leur salaire et des versements de la sécurité sociale », a pour sa part déclaré un responsable provincial d’al-Anbar, Eid Ammash. « Des familles entières ont été tuées », a-t-il affirmé, rapporte l’AFP.
Un autre responsable local, parlant sous le couvert de l’anonymat, a accusé la coalition internationale d’être responsable du raid sur Al-Qaïm.
Par ailleurs, l’un des membres de la commission de la sécurité et de la défense au Parlement irakien a demandé au gouvernement d’ouvrir une enquête pour mettre fin au massacre de la population irakienne suite aux bavures de la coalition internationale.
Nouvelle percée à Mossoul
Entre-temps, dans le nord de l’Irak, les forces irakiennes qui mènent depuis la mi-octobre une offensive pour libérer la ville de Mossoul des miliciens de Daesh ont effectué une percée mercredi, se rapprochant du fleuve Tigre qui traverse la deuxième ville d’Irak.
La progression de l’armée irakienne mercredi est la plus profonde jamais enregistrée dans la partie orientale de Mossoul depuis le début le 17 octobre de la vaste offensive pour reprendre la ville aux takfiristes.
Les opérations sont menées en partie par les forces d’élite irakiennes du Service du contre-terrorisme (CTS), qui ont repris plusieurs quartiers de la partie Est de la ville. Elles ont ainsi reconquis mercredi celui d’Ilam, a annoncé le centre de commandement.
Les Unités de mobilisation populaire du Hachd al-Chaabi, force paramilitaire progouvernementale, ont pour leur part conquis du terrain à l’ouest de Mossoul.
Les combattants du Hachd al-Chaabi ont fait exploser mercredi une voiture piégée de Daesh qui tentait de briser le blocus qu’ils ont contre les takfiristes dans la région de Tal-Abta, à l’ouest de Mossoul, rapporte la chaine iranienne panarabe AlAlam.
Les forces irakiennes avaient engrangé des gains rapides au sud et au nord de la ville au début de l’offensive. Mais leur progression s’est ralentie ces derniers jours, l’un des principaux obstacles étant la présence de plusieurs centaines de milliers d’habitants restés dans la ville.
Le nombre des déplacés de l’offensive s’élève désormais à plus de 82.000, a indiqué l’ONU.
Pénurie d’eau
Dans son nouveau rapport, l’ONU fait état d’un nombre croissant de victimes civiles, alors que les forces irakiennes mènent leurs opérations de maison en maison à la recherche des takfiristes en tentant dans le même temps de protéger les civils.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha), « des partenaires s’emploient à fournir des soins traumatologiques plus près des lignes de front afin de donner la meilleure chance de survie aux civils blessés ».
Des travaux sont par ailleurs en cours pour réparer les infrastructures d’eau et d’électricité dans l’Est de Mossoul, a ajouté l’Ocha en jugeant « critique » la pénurie d’eau actuelle.
Plusieurs centaines de milliers de personnes sont privées d’eau potable depuis plusieurs jours, et sont contraintes de bouillir l’eau de puits pour pouvoir survivre.
La situation des déplacés dans les camps disséminés autour de Mossoul est elle aussi inquiétante, avec l’arrivée de l’hiver.
Source: Divers