Les Néo-Zélandais rendaient hommage dimanche aux 50 fidèles tués vendredi dans deux mosquées de Christchurch.
Au moment où les dépouilles de certaines victimes commencent à être restituées aux familles, une liste encore incomplète des victimes a révélé que les fidèles tués étaient âgés de trois à 77 ans, et qu’au moins quatre étaient des femmes.
L’auteur de la tuerie est un extrémiste australien, Brenton Tarrant, qui, à l’occasion de son inculpation pour meurtre samedi a fait de la main un signe de reconnaissance des suprémacistes blancs.
L’ex-instructeur de fitness de 28 ans, « fasciste » autoproclamé, a expliqué ce massacre et les deux années de sa préparation dans un long « manifeste » islamophobe de 74 pages truffé de commentaires conspirationnistes et de références à des figures de l’extrême-droite.
Le « manifeste » de M. Tarrant, qui se présente comme un blanc de la classe ouvrière aux bas revenus, est intitulé « Le grand remplacement », en référence à une théorie complotiste populaire dans les milieux d’extrême droite selon laquelle les « peuples européens » seraient « remplacés » par des populations non-européennes immigrées.
Le manifeste détaille deux années de radicalisation et de préparatifs.
L’auteur affirme que les facteurs déterminants ont été la défaite à la présidentielle française de 2017 de la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen et la mort d’une fille de 11 ans dans l’attaque au camion-bélier de 2017 à Stockholm.
Il dit avoir choisi pour cible la Nouvelle-Zélande pour montrer « qu’aucun endroit au monde n’est épargné, les envahisseurs sont partout sur nos terres, aucune place même la plus reculée n’est sûre ». Il y rend aussi hommage au président américain Donald Trump.
Brenton Tarrant a diffusé en direct sur les réseaux sociaux les images du carnage, où on le voit passer de victime en victime, tirant sur les blessés à bout portant alors qu’ils tentent de fuir.
Brenton Tarrant restera en détention jusqu’à une prochaine audience fixée au 5 avril.
Un autre homme, arrêté vendredi, sera présenté devant la justice lundi pour des accusations « en lien » avec les attaques, même s’il n’a apparemment pas été directement impliqué dans la tuerie, selon le commissaire Mike Bush.
La Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a révélé dimanche que son cabinet avait reçu ce texte neuf minutes avant le début du carnage dans la plus grande ville de l’île du Sud.
« Il n’incluait aucun lieu ni aucun détail spécifique », a-t-elle ajouté, en précisant que le document avait été transmis aux services de sécurité moins de deux minutes après sa réception.
Depuis vendredi, les enquêteurs néo-zélandais sont mobilisés sur de nombreuses scènes de crime. Parmi elles, les deux mosquées al-Nour et Linwood où s’est déroulé le carnage, mais aussi un logement de Dunedin, une ville du sud-est du pays où résidait le tireur.
« Priez pour ma fille »
L’impatience monte cependant chez les familles des victimes, qui souhaitent récupérer les corps et organiser les funérailles. Mme Ardern s’est efforcée dimanche d’apaiser leur frustration.
« Je suis en mesure de confirmer que les corps des personnes décédées vont commencer à être restitués à leurs familles ce soir », a-t-elle dit. D’après elle, toutes les dépouilles auront été rendues mercredi.
Les autorités ont indiqué que 34 blessés demeuraient hospitalisés.
Parmi eux, la petite Alin Alsati, quatre ans, qui est entre la vie et la mort. La fillette se trouvait avec son père dans la mosquée al-Nour pour la prière du vendredi quand elle a été touchée par au moins trois balles. Son père, qui a également été blessé, avait récemment émigré en Nouvelle-Zélande en provenance de la Jordanie.
« S’il vous plaît, priez pour moi et ma fille », a-t-il dit dans une vidéo publiée sur Facebook sur son lit d’hôpital peu avant d’aller se faire opérer.
Source: Avec AFP