Les négociations entre la Corée du Nord et les États-Unis au Vietnam, le jeudi 28 février 2019, se sont terminées sans accord et plus tôt que prévu.
S’exprimant lors d’une conférence de presse à Hanoï, le président américain a reconnu les défis et les problèmes des deux parties aux pourparlers du Vietnam, affirmant : « Les pourparlers ont échoué et il n’y a pour le moment aucun projet pour une autre rencontre des deux dirigeants. »
Les autorités nord-coréennes ont à plusieurs reprises affirmé que, de leur point de vue, le désarmement nucléaire, c’est la suppression du parapluie nucléaire américain en Asie de l’Est et la levée de toutes les sanctions économiques et politiques imposées à Pyongyang.
En outre, comme il ressort clairement des déclarations de Trump, la Corée du Nord souhaite le début du processus de désarmement des installations et centrales de moindre importance.
Cette approche nord-coréenne reflète le fait que Pyongyang ne veut pas perdre d’entrée de jeu son ticket gagnant, c’est-à-dire ses missiles intercontinentaux et ses armes nucléaires.
De nombreux experts estiment que l’approche nord-coréenne est une approche réaliste.
« Aucun pays ne se désarme quand il se bat avec un autre pays et en particulier avec un pays plus puissant que lui-même », a déclaré Brian Becker, analyste politique aux États-Unis, dans une interview accordée à RT, ajoutant que ce que demande Kim à Trump, c’est d’arriver d’abord à un accord de paix avant de se lancer dans un quelconque désarmement.
Il semble que le comportement illégal que les États-Unis ont adopté ces derniers mois à l’égard des autres pays du monde a agi aussi sur l’approche de la Corée du Nord et les Américains eux-mêmes ont reconnu ce fait.
Tulsi Gabbard, l’un des premiers candidats du parti démocrate américain à l’élection présidentielle de 2020, a écrit dans un message sur les réseaux sociaux : « Le retrait américain de l’accord nucléaire iranien et du FNI sape les tentatives de persuader la Corée du Nord d’abandonner ses armes nucléaires. »
Version américaine et nord-coréenne
Par ailleurs, un haut responsable du département d’Etat américain a déclaré vendredi que Donald Trump a demandé à Kim Jong Un de « tout » mettre sur la table à Hanoï, mais les discussions ont capoté à cause de divergences sur la « dénucléarisation » et les sanctions.
Sous couvert de l’anonymat, cet haut responsable américain a déclaré que les Nord-Coréens avaient réclamé « plusieurs milliards de dollars sous forme d’allègement des sanctions » économiques imposées à Pyongyang du fait de ses programmes nucléaire et balistique interdits, mais qu’ils « ne voulaient pas imposer un gel total à leurs programmes d’armes de destruction massive ».
Lever les sanctions « nous aurait de facto placé dans la situation de subventionner le développement en cours des armes de destruction massive en Corée du Nord », a-t-il poursuivi. « Les armes elles-mêmes doivent être sur la table ».
« Dans ses discussions, le président a mis au défi les Nord-Coréens de voir plus grand. Le président a encouragé le président Kim à tout miser. Et nous étions aussi prêts à tout miser », a ajouté le responsable.
Le ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong Ho a convoqué mercredi soir, fait rarissime, des journalistes représentant une poignée de pays pour une conférence de presse nocturne dans la capitale vietnamienne afin de livrer la version de Pyongyang, à savoir que le Nord n’avait demandé qu’une levée partielle des sanctions.
Pyongyang a fait une « proposition réaliste » en échange de fermer « de manière permanente et de démanteler complètement toutes ses infrastructures de production nucléaire dans la zone de Yongbyon en présence d’experts américains », selon le ministre.
Cependant, a dit le responsable américain, la définition même du périmètre de Yongbyon, un énorme complexe qui contient « plus de 300 infrastructures différentes », a posé problème. « Ce que les Nord-Coréens nous ont proposé c’est de fermer une partie du complexe de Yongbyon ».
L’autre sujet de contentieux a une nouvelle fois été la signification du terme de « dénucléarisation ».
Washington veut voir le Nord renoncer complètement à son arsenal nucléaire, mais pour Pyongyang la « dénucléarisation » s’entend plus largement.
Le Nord veut la levée des sanctions et la fin de ce qu’il perçoit comme les menaces américaines, à savoir une présence militaire en Corée du Sud et dans la région en général.
Sources: AFP + PressTV + RT