Le verdict final rendu public le jeudi 15 novembre par l’Arabie saoudite sur l’enquête du l’assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi a été très mal accueilli par de nombreux médias.
Selon le Washington Post pour lequel travaillait Khashoggi, le contenu de ce verdict est « choquant » parce qu’il estime que les deux principaux accusés, le vice-président des renseignements généraux Ahmad al-Assiri et l’ex-conseiller à la Cour royale Saoud al-Qahtani n’étaient pas au courant du crime.
Ce qui selon le journal américain contredit le contenu d’enregistrements sonores du New York Times, dans lesquels l’exécuteur en chef de l’assassinat Maher Motreb disait dans un appel téléphonique : « informe ton boss que la mission est finie ».
Assoiffés de pétrole et d’argent saoudiens
Le NYT s’est lui aussi offusqué contre la sentence de la justice saoudienne qui a dédouané MBS et fondé ses conclusions sur l’acte non prémédité.
«Il est difficile de croire qu’une équipe formée de personnalités sécuritaires et d’un médecin légiste soit venue à Istanbul avait pour mission de persuader gentiment Khashoggi de rentrer » au pays, a ironisé le journal.
Selon lui, MBS a tellement dépassé les limites, que c’est l’Arabie saoudite qui est devenue le danger régional principal et non l’Iran.
Critiquant les réactions de ralliement des pays occidentaux face au verdict saoudien, le NYT dénonce aussi le fait que « Washington et l’Occident sont tellement assoiffés de pétrole et d’argent saoudiens qu’ils ont fermé les yeux face aux violations commises par Riyad pour les droits de l’Homme ».
« Ce qui se passe est que l’administration de Trump dispose désormais d’une grande influence sur un régime saoudien affaibli … ce qui lui confère le pouvoir d’exercer des pressions sur Riyad dans les dossiers yéménite, qatari et de paix avec Israël », conclut-il.
Washington a approuvé la sentence prononcée le jeudi 15 novembre par le procureur général saoudien qui a requis jeudi la peine de mort contre cinq accusés pour leur rôle dans le meurtre de Jamal Khashoggi, affirmant que le journaliste avait été « drogué, tué et démembré » au consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre et qui a totalement dédouané le prince héritier Mohammed ben Salmane.
Elle s’est contenté de sanctionner 17 Saoudiens qui seront punis sous le coup de la loi «Global Magnitsky Act», une liste de personnes violant, selon les autorités américaines, le droits de l’Homme.
Qahtani travaille normalement
Quant à l’agence Reuters, elle a révélé que l’un des suspects censé être soumis à un interrogatoire poursuivait son travail normalement.
Saoud al-Qahtani est encore libre et poursuit son travail en secret, a rapporté l’agence, citant des sources du Golfe.
Ex-conseiller de la Cour royale, Qahtani avait pour mission de se réunir avec l’équipe chargée de restituer le journaliste dissident saoudien, a prétendu le procureur général saoudien Shaalane ben al-Shaalane.
C’est aussi lui qui a chargé Maher Motreb d’exécuter ce qui aurait dû être « des négociations destinées à ramener Khashoggi au royaume », continue-t-il dans la même logique. Il lui aurait fourni des informations basées sur des entretiens qu’il avait eus précédemment avec Khashoggi.
A noter que Qahtani figure sur la liste des 17 personnalités qui ont été sanctionnées par les USA, sous le coup de la loi Magniski, tout de suite après la publication du verdict saoudien.
Considéré comme étant le bras droit du prince héritier Mohammad ben Salmane, il avait été l’un des premiers avoir été démis de ses fonctions. Les sources ont assuré pour Reuters qu’il parlait en son nom et donnait des ordres directs à des hauts fonctionnaires dont des responsables sécuritaires.
Source: Divers