Le président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, a déclaré, mercredi 24 octobre, qu’il y avait un « problème de cohérence » à sanctionner le commerce avec l’Iran et pas celui avec l’Arabie saoudite, après l’affaire du meurtre du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi.
Le président du MEDEF (Mouvement des entreprises de France) a durci le ton contre l’apathie du Vieux Continent vis-à-vis des États-Unis, en affirmant que l’Europe devait agir indépendamment de Washington.
« Je l’ai répété plusieurs fois : il n’est pas du tout acceptable et rationnel de fermer les yeux sur les actes atroces et inhumains de l’Arabie Saoudite. Je me demande toujours pourquoi les États-Unis se permettent de sanctionner les entreprises européennes qui commercent avec l’Iran », a-t-il signalé.
« Si on fait des échanges avec des gens qui ne respectent pas les mêmes valeurs que nous, il faut leur appliquer la même jurisprudence », a déclaré Roux de Bézieux, qui avait pris la parole lors d’un déjeuner de l’organisation Entreprises de taille humaine, indépendantes et de croissance (Ethic).
Il estime par ailleurs : « L’Iran est une démocratie qui s’est soulevée contre les sanctions extraterritoriales des États-Unis. Le président Hassan Rohani a été élu par le peuple iranien. De même, le droit des femmes en Iran est bien supérieur au droit des femmes en Arabie saoudite. »
Le porte-parole du MEDEF a précisé : « Je suis contre le fait que Washington fasse cavalier seul dans ce domaine. Pourquoi les États-Unis doivent-ils décider pour les entreprises françaises ? Moi je n’ai pas voté pour Trump, j’ai voté pour Macron et c’est à Macron de me dire si je fais du commerce avec l’Iran ou pas. Il faut que l’Europe ait une autonomie de décision a minima. »
Auparavant, le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, avait indiqué que les États-Unis n’avaient pas le droit de décider de la coopération commerciale Iran/Europe.
« Les sanctions anti-iraniennes des États-Unis pourraient être une chance permettant à l’Europe de se débarrasser de l’emprise américaine et de créer ses propres instituts indépendants d’ordre financier », a poursuivi le ministre français.
Le désengagement de Donald Trump envers l’accord sur le programme nucléaire iranien a incité la Commission européenne à activer la loi dite de « blocage », protégeant les entreprises de l’Union européenne des sanctions de pays tiers. Elle avait été créée à l’origine en 1996 pour contourner les sanctions américaines contre Cuba, la Libye et déjà l’Iran.
Source: Avec PressTV