Le président du Conseil européen Donald Tusk a réclamé mercredi que toute la lumière soit faite sur « l’assassinat choquant » du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, « quel qu’en soit l’auteur ».
« Le seul intérêt européen est de révéler tous les détails de cette affaire, quel qu’en soit l’auteur », a-t-il affirmé devant les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg.
« C’était un crime si horrible que même la moindre trace d’hypocrisie nous ferait honte », a-t-il ajouté, appelant les députés européens à veiller à ce que « l’Europe, les Etats membres ou les institutions » s’abstiennent de tout « jeu ambigu » dans cette affaire.
« Ce n’est pas mon rôle de dire qui veut protéger les intérêts de qui ici », a-t-il souligné, sans plus de précision.
Sanchez défend les ventes d’armes à Ryad
Par ailleurs, le chef du gouvernement socialiste espagnol Pedro Sanchez a défendu mercredi les ventes d’armes à Ryad dans un exercice d’équilibriste politique et diplomatique lors duquel il a dénoncé le « terrible assassinat » du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
« Si vous me demandez où je dois me situer aujourd’hui et ici, c’est dans la défense des intérêts de l’Espagne, du travail de secteurs stratégiques pour la plupart situés dans des zones très affectées par le drame du chômage », a-t-il déclaré devant la chambre des députés.
Les chantiers navals Navantia, qui ont reçu d’Arabie saoudite une commande de cinq navires de guerre pour 1,8 milliard d’euros, sont situés en Andalousie (sud), bastion socialiste durement frappé par le chômage où auront lieu des élections régionales en décembre.
Sanchez a dit partager « la consternation et la réprobation » de l’opinion publique internationale devant le « terrible assassinat du journaliste Jamal Khashoggi » au consulat saoudien à Istanbul.
Les partis indépendantistes catalans et la formation de gauche radicale Podemos, alliés du parti socialiste de M. Sanchez sans qui il n’a pas de majorité au Parlement, l’avaient pourtant appelé ces derniers jours à suspendre les ventes d’armes à Ryad pour protester contre le meurtre de Khashoggi.
En septembre, le gouvernement espagnol avait suscité de vives critiques pour avoir décidé de maintenir la livraison de 400 bombes à guidage laser à l’Arabie saoudite après avoir tenté d’y renoncer en raison de bombardements saoudiens qui ont tué des dizaines d’enfants au Yémen.
Pedro Sanchez avait justifié la volte-face du gouvernement par la nécessité de conserver de bonnes relations avec la monarchie du Golfe, un partenaire commercial clé pour Madrid.
Le meurtre de Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien d’Istanbul a relancé le débat dans plusieurs pays sur un réexamen des relations avec Ryad.
Dimanche, la chancelière allemande Angela Merkel a prévenu que Berlin n’autoriserait pas en l’état d’exportations d’armes vers l’Arabie saoudite.
Berlin a appelé les autres pays européens à faire de même tant que Ryad n’aura pas fait la lumière sur le meurtre de Jamal Khashoggi.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a lui déclaré mardi qu’il était « extrêmement difficile » d’annuler un important contrat de vente d’armes à l’Arabie saoudite « sans devoir payer des pénalités exorbitantes ».
Agé de 59 ans, Jamal Khashoggi, un éditorialiste qui collaborait avec le Washington Post, a été tué le 2 octobre dans le consulat de son pays à Istanbul, où il s’était rendu pour obtenir des documents administratifs en vue de son prochain mariage.
Faisant un point sur l’enquête, le président turc Recep Tayyip Erdogan a décrit mardi un « meurtre sauvage » qui a été « planifié » pendant plusieurs jours et mis à exécution par une équipe de « 15 agents ».
Source: Avec AFP