La France a refusé lundi de dire si elle entendait suspendre ses ventes d’armes à l’Arabie saoudite, après que l’Allemagne a appelé les autres à suivre son exemple jusqu’à ce que la vérité sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi soit établie, a rapporté Reuters.
Riyad a donné des informations contradictoires sur l’assassinat de Khashoggi le 2 octobre dans son consulat à Istanbul. Dimanche, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, a qualifié le meurtre d’une « erreur monumentale », mais a cherché à disculper le prince héritier de l’Arabie saoudite.
Interrogé sur la prise en compte ou non de Paris de l’appel de Berlin, le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Olivier Gauvin, a déclaré que la politique française de contrôle des ventes d’armes était stricte et reposait sur une analyse au cas par cas réalisée par un comité interministériel.
« Les exportations d’armes en Arabie saoudite sont examinées dans ce contexte », a-t-il déclaré lors d’un point de presse, sans plus de précision.
Paris et Riyad entretiennent des relations diplomatiques et commerciales étroites dans les domaines de l’énergie, des finances et des armes. De plus, la France soutient Riyad dans sa campagne d’agression contre le Yémen.
De 2008 à 2017, l’Arabie saoudite a été le deuxième acheteur d’armes françaises avec des transactions d’un montant total de plus de 11 milliards d’euros (12,6 milliards de dollars), selon les données du ministère de la Défense française. En 2017 seulement, des licences d’une valeur potentielle de 14,7 milliards d’euros en Arabie saoudite ont été approuvées.
S’exprimant à Tunis, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a qualifié le meurtre de Khashoggi de « crime grave ».
« Nous voulons que l’Arabie saoudite révèle toute la vérité en toute clarté et nous verrons ensuite ce que nous pouvons faire », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Le président Emmanuel Macron a tenté de minimiser l’importance des relations avec Riyad, affirmant vendredi dernier que l’Arabie saoudite n’était pas un client important de la France, bien que son ministre de la Défense ait déclaré aux législateurs que ces ventes d’armes étaient cruciales pour les emplois français.
Sous couvert d’anonymat, un ministre a déclaré que l’influence de la France dans la région était en jeu et qu’il était essentiel que le prince héritier Mohammed ben Salmane conserve son poste.
« Le défi consiste à ne pas perdre MBS, même s’il n’est pas un garçon de chorale. Une perte d’influence dans la région nous coûterait beaucoup plus que le manque de vente d’armes », a déclaré le ministre.
Source: PressTV