Le président russe Vladimir Poutine est arrivé à Bakou pour participer au forum interrégional russo-azerbaïdjanais. Poutine assistera également à la phase finale du Championnat du monde de judo. Toutefois, à huis clos, M. Poutine et son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliyev ont également discuté de la coopération militaro-technique, de l’OTSC, ainsi que de questions relatives au règlement du conflit du Haut-Karabakh.
Le Kremlin a suivi de près la visite récente du ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, en Azerbaïdjan. Lieberman a promis de fournir des systèmes de défense aérienne de pointe à l’Azerbaïdjan pour la construction d’un système de défense renforcée à la frontière avec l’Arménie. En outre, l’Azerbaïdjan continuera d’acheter à Israël des drones, qui se sont avérés très efficaces au cours des hostilités dans la zone du conflit arménien-azerbaïdjanais en avril 2016.
Naturellement, Moscou veut s’emparer de l’initiative d’Israël, surtout après la destruction de l’avion Ilyouchine Il-20 au-dessus de la Syrie. Le Kremlin ne voudrait pas que l’Azerbaïdjan – un pays clé en Transcaucasie – coopère étroitement avec Israël.
Que peut offrir la Russie en retour ?
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, s’est rendu en Russie en septembre 2018. Aliyev a ensuite déclaré publiquement que l’Azerbaïdjan avait acheté des armes à la Russie pour un montant total de 5 milliards de dollars. Selon le dirigeant azerbaïdjanais, la Russie est « le plus important producteur et fournisseur de produits militaires sur les marchés internationaux ». L’Azerbaïdjan continuera donc à moderniser son armée avec l’aide de la Russie.
L’Azerbaïdjan va-t-il devenir un participant à part entière à l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) ? Cependant, l’Azerbaïdjan est membre du Mouvement des pays non alignés, ce qui l’oblige à rester neutre en matière de politique étrangère et à s’abstenir de toute alliance de défense.
Néanmoins, l’Azerbaïdjan pourrait rejoindre l’OTSC, si Poutine permet à Aliyev de mener une opération militaire rapide pour reprendre le contrôle de cinq zones adjacentes au Haut-Karabakh (les cinq territoires sont actuellement occupés par des troupes arméniennes).
La réaction de Poutine à cette proposition n’est pas encore connue. Beaucoup de choses dans cette situation dépendront de la politique du nouveau dirigeant arménien Nikol Pashinyan. S’il continue à soustraire l’Arménie à l’influence de Moscou pour établir des liens plus étroits avec l’UE et l’OTAN, Moscou ne se réjouira pas d’une telle évolution.
L’administration arménienne comprend la perspective et tente de maintenir des relations amicales avec Moscou, tout en faisant des pas vers l’Union Européenne et l’OTAN en même temps.
En attendant, l’Arménie garde un œil sur la visite de Poutine en Azerbaïdjan et souhaite connaître tous les détails des pourparlers de Bakou. De Bakou, Poutine se rend à Douchanbé pour le sommet des pays de la CEI, d’où il pourrait tenter d’organiser la rencontre entre les dirigeants arméniens et azerbaïdjanais, compte tenu du fait qu’Ilham Aliyev et Nikol Pashinyan ne se sont jamais rencontrés auparavant.
En tout état de cause, l’Azerbaïdjan n’a pas encore adhéré à l’Organisation du Traité de sécurité collective. Fait intéressant, l’aviation militaire azerbaïdjanaise n’a pas participé aux exercices militaires des forces de défense aérienne de la Communauté des États indépendants qui ont débuté le 27 septembre. Selon un rapport du ministère russe de la Défense, une centaine d’aéronefs de sept pays de la CEI participent aux exercices : Russie, Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et Ouzbékistan. L’Azerbaïdjan n’en fait pas partie.
Par Aidyn Mehtiyev
Sources : Pravda report; Traduction Avic – Réseau International