Les universités européennes connaissent un afflux de candidatures d’étudiants diplômés américains, tandis que 75% des scientifiques, selon une enquête menée par le magazine Nature auprès de plus de 1 600 scientifiques américains, ils envisageent de fuir les États-Unis à la suite de la répression sans précédent de Donald Trump contre le secteur de l’Education et de la Recherche.
Cette panique dans les milieux scientifiques coïncide avec les mesures prises par Trump depuis son entrée à la Maison Blanche, qui comprennent des coupes sans précédent dans le financement de la recherche scientifique et la suspension de larges secteurs de la Science financée par le gouvernement fédéral, et ce dans le cadre d’une initiative de réduction des coûts menée par le milliardaire Elon Musk.
Des dizaines de milliers d’employés fédéraux, dont plusieurs scientifiques, ont également été licenciés puis réembauchés sur ordre de justice, dans un contexte de menaces de licenciements massifs à l’avenir.
À cela s’ajoutent les campagnes de répression et les batailles liées à l’immigration menées par l’administration américaine, dont certains aspects se sont manifestés par la menace d’expulsion d’étudiants, sur la base d’accusations d’« antisémitisme » ou de « soutien au terrorisme ».
Certains d’entre eux ont déjà été expulsés, comme la médecin libanaise Rasha Alawieh (accusée d’avoir participé aux funérailles de Sayed Nasrallah), et d’autres ont été arrêtés, comme l’étudiante turque Rumeysa Ozturk, pour avoir participé à des manifestations en soutien à la Palestine.
Le mois dernier, l’administration Trump a annulé une politique des National Institutes of Health (NIH) conçue pour protéger les scientifiques fédéraux de toute ingérence politique.
Cette politique visait, en partie, à contrer les actions de la première administration Trump, qui tentait « d’étouffer les scientifiques et de déformer les résultats de recherche qui étaient en conflit avec son programme politique ».
Par conséquent, un nombre de scientifiques américains reconsidèrent leur carrière, estimant qu’un déménagement en Europe ou au Canada est l’option optimale à l’heure actuelle.
Pour sa part, l’Europe a commencé à exploiter la situation actuelle pour tenter de se présenter comme une alternative qui « respecte la liberté d’éducation et de recherche », alors même que les pays de l’Union européenne se font concurrence pour attirer les « esprits américains ».
Dans ce contexte, 13 ministres du secteur de la Recherche, dont ceux de France et d’Allemagne, dans une lettre adressée à la commissaire européenne chargée des startups, de la recherche et de l’innovation, Ekaterina Zaharieva, ont exhorté l’UE à saisir l’opportunité en « accueillant des talents brillants venus de l’étranger, qui pourraient autrement souffrir d’interférences dans le secteur de la Recherche, de baisses d’incitations et de coupes budgétaires brutales ».
Parallèlement, le Conseil européen de la Recherche prévoit de doubler le financement qu’il accorde aux nouveaux arrivants dans l’UE, à 2 millions d’euros chacun, contre 1 million d’euros actuellement.
Plusieurs universités ont, en fait, rapidement saisi l’opportunité, annonçant des plans de recrutement ciblant les talents américains.
S’adressant aux législateurs européens, Zaharieva a souligné que « le paysage mondial actuel offre une opportunité de démontrer au monde que l’Europe restera un espace sûr pour la Science et la Recherche », notant que le continent peut et doit être le meilleur endroit pour « faire de la science » et « attirer et préserver les chercheurs internationaux et européens ».