Pékin a fermement dénoncé jeudi un appel de parlementaires américains à sanctionner des responsables chinois impliqués dans l’internement de membres de la minorité musulmane ouïghoure dans la région du Xinjiang (nord-ouest de la Chine).
« Les Etats-Unis n’ont aucun droit de critiquer la Chine et de s’ériger en juge dans ce domaine », a déclaré devant la presse la porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying, évoquant les problèmes de discrimination raciale dans ce pays.
« Ces parlementaires, payés par le contribuable américain, devraient s’occuper de leur travail (…) au lieu de mettre leur nez dans les affaires des autres pays », a-t-elle tempêté.
Dans une lettre adressée au secrétaire d’Etat Mike Pompeo et à celui au Trésor Steve Mnuchin, des membres du Congrès – républicains et démocrates – ont appelé à sanctionner sept responsables chinois et deux sociétés productrices d’équipements de surveillance, a rapporté le Wall Street Journal.
Le sénateur Marco Rubio (Floride) a appelé mercredi sur Twitter à geler leurs avoirs aux Etats-Unis et à leur interdire l’entrée dans le pays.
La Chine rejette les informations selon lesquelles un million de membres de la communauté ouïghoure sont détenus dans des camps d’internement.
Un responsable chinois a déclaré en août à un comité de l’ONU pour les droits de l’Homme à Genève que de sévères mesures de sécurité étaient nécessaires dans la région du Xinjiang pour combattre l’extrémisme et le terrorisme, mais qu’elles ne ciblaient pas un groupe ethnique particulier et ne limitaient pas la liberté religieuse.
La Chine a affirmé que les affirmations sur l’existence de tels camps étaient « complètement fausses », assurant que les « centres d’éducation » où « des délinquants mineurs » sont placés servent uniquement à « aider à leur réhabilitation et à leur réintégration ».
Toutefois, nombre d’ONG et des spécialistes de la Chine estiment que la réalité est bien plus sombre et que des témoignages d’anciens détenus de même que des documents officiels pointent vers l’existence d’un important programme d’endoctrinement politique et culturel.
L’année dernière, la Chine a interdit « les barbes anormalement longues » et le hijab dans le Xinjiang – région frontalière de l’Afghanistan et du Pakistan – et a ordonné à tous les possesseurs de voitures d’installer des dispositifs de localisation GPS.
En décembre 2017, l’organisation pour la défense des droits de l’homme Human Rights Watch a rapporté que les autorités du Xinjiang projetaient de récolter des données biologiques de tous les résidents de la région.
Source: AFP