Dans un article consacré aux plus récents événements marquant l’actualité syrienne, l’éditorialiste du site panarabe Rai al-Youm revient sur un possible deal Russie/USA.
Les États-Unis seraient prêts, affirme l’auteur, à reconnaître la place de la Russie en Syrie, voire à en retirer leurs forces si le président russe aplanit le terrain à ce qui est désormais connu sous le nom de « deal du siècle ».
Ce serait d’ailleurs dans ce même cadre que le président de l’Autorité autonome, Mahmoud Abbas, a été invité à se rendre en Russie mi-juillet où se déroulera la cérémonie de clôture de la Coupe du monde 2018. Gravement malade, Mahmoud Abbas, qui a coupé tout dialogue avec les Américains depuis le transfert de l’ambassade US à Qods, n’a pas encore répondu à l’invitation. Mais une chose est sûre : le fait que les Américains fassent appel aux Russes pour faire passer leur « deal du siècle » prouve à quel point leur plan peine à aller de l’avant et à ratisser large. S’il est vrai que Riyad s’est précipité sur l’occasion pour reconnaître l’emprise israélienne sur Qods et, par là, la liquidation de la Palestine, d’autres acteurs arabes sont encore bien hésitants à ramer dans le sens souhaité par Washington. C’est le cas de la Jordanie, à qui les Américains demandent d’annexer la Cisjordanie, ou encore de l’Égypte, qui suivant les recommandations de Trump devra faciliter le transfert de Palestiniens au Sinaï.
Mais l’appel d’aide lancé par Trump à l’adresse de Poutine est autrement significatif : les Américains auraient fait entendre à Poutine, qui s’apprête d’ailleurs à retrouver Trump pour un sommet dès le mois de juillet, qu’ils ne verraient plus aucun mal à ce que la Russie maintienne sa présence en Syrie, s’ils réussissent à faire accepter le deal du siècle aux Palestiniens.
Les États-Unis n’hésiteraient alors pas à cesser leur soutien aux terroristes en Syrie, à en retirer même leurs troupes et à restituer à l’État syrien à la fois Deraa, Quneitra et le Rif de Soueïda avant d’ouvrir le point de passage de Nassib sur la frontière jordanienne.
Trop beau pour être vrai ?
Un contrôle de l’État syrien sur le Sud-Ouest (Deraa) revient à déployer l’armée syrienne aux abords du Golan et à ouvrir les frontières avec la Jordanie, mais cette concession n’ira pas sans contrepartie. Les Américains demanderont, en échange de maintenir la base américaine d’al-Tanf, qui servira de monnaie d’échange et de levier de pression sur la Syrie lors des pourparlers politiques à venir. La coïncidence prête d’ailleurs à la réflexion : Trump a annoncé un retrait américain imminent de Syrie alors que les États-Unis se préparent à annoncer le « deal du siècle ». Les besoins sécuritaires d’Israël peuvent être un motif suffisant pour le retrait américain du sud-ouest de la Syrie, retrait qui permettrait d’éviter la confrontation avec l’armée syrienne et ses alliés dans le Sud. Après tout, les USA maintiendront la base d’al-Tanf pour prévenir toute friction de nature à ruiner les plans américains pour la sécurité d’Israël.
Quant aux facteurs propres à la Syrie, les États-Unis sont bien conscients de la persévérance de Damas : plus de sept ans de guerre n’ont pas découragé la Syrie de poursuivre sa politique de défense, quel qu’en soit le coût, et à gérer les combats dans le sens de la victoire.
Les États-Unis ne peuvent oublier certains faits saillants qui se sont produits dans le nord d’al-Tanf ou dans la Ghouta orientale, ou dans la région orientale de Deir ez-Zor jusqu’à Abou Kamal et plus tôt à Alep, là où ni le matraquage médiatique, ni l’intervention américaine, ni même la mise en scène chimique n’ont pu contrer la victoire de l’armée syrienne.
Reste la position que prendra la Russie de Poutine une fois confrontée à l’offre US : dans ce conflit syrien aux mille vicissitudes, l’homme fort du Kremlin a déjà fait preuve d’une clairvoyance hors pair. Qu’il n’oublie surtout pas qu’en choisissant de jouer le jeu « palestinien » de Trump, il risque de perdre tous ses acquis de ces sept dernières années au Moyen-Orient.
La Palestine est trop ancrée dans le cœur des populations du Moyen-Orient pour qu’elles pardonnent à ceux qui se rendraient complices de sa mort.
Source: Avec PressTV