Les frappes aériennes menées par la coalition antijihadiste pour libérer Raqqa de l’emprise du groupe Etat islamique ont tué des centaines de civils et blessé des milliers d’autres, laissant la ville syrienne « en ruines », a dénoncé Amnesty international mardi.
L’ONG a enquêté à Raqqa (nord de la Syrie) où la coalition internationale conduite par les États-Unis a mené une opération du 6 juin au 17 octobre 2017 pour chasser les jihadistes qui s’y étaient installés trois ans plus tôt.
Des chercheurs d’Amnesty se sont rendus dans 42 sites touchés par des frappes aériennes de la coalition et ont interrogé 112 habitants qui ont perdu au total 90 proches ou voisins dans les bombardements aériens -39 d’une seule et même famille – « presque tous tués par des frappes aériennes de la coalition », selon Amnesty.
Selon l’ONG, la coalition s’est rendue coupable à Raqa de « violations du droit humanitaire international ».
« Quand tant de civils sont tués attaque après une attaque, clairement, quelque chose ne va pas, et pour aggraver cette tragédie, des mois plus tard, il n’y a eu aucune enquête sur ces incidents. Les victimes méritent la justice », a déclaré Donatella Rovera, conseillère chargée des crises pour Amnesty International, citée dans ce rapport.
La brutalité de l’organisation Etat islamique, qui avait semé la terreur et multiplié les exactions à Raqqa, « ne libère pas la coalition de ses obligations de prendre toutes les précautions possibles pour minimiser les dommages causés aux civils », a souligné Mme Rovera. Elle a notamment pointé du doigt « l’utilisation répétée par la coalition menée par les États-Unis d’armes explosives dans des zones peuplées où ils savaient que des civils étaient pris au piège ».
Interrogé par l’agence de presse britannique Press Association, le porte-parole de la coalition internationale, le colonel Sean Ryan, a souligné les « efforts rigoureux » de la coalition et les « renseignements recueillis avant chaque frappe pour détruire efficacement l’EI tout en minimisant les dommages sur la population civile ».
Il a affirmé que les conclusions du rapport selon lesquelles les frappes étaient « disproportionnées » ou « aveugles » étaient « plus ou moins hypothétiques » et souligné que toute « mort ou blessure d’une personne non combattante constitue une tragédie ».
« Nous faisons tout ce que nous pouvons pour minimiser les risques pour les populations civiles », a assuré de son côté le ministère britannique de la Défense, « mais compte tenu du comportement impitoyable et inhumain de Daech et de l’environnement urbain complexe dans lequel nous évoluons, nous devons accepter que le risque de victimes civiles involontaires soit toujours présent ».
Source: AFP