Un fragile cessez-le-feu est entré en vigueur mardi entre l’Iran et Israël, après une guerre de 12 jours, des frappes aériennes américaines contre les installations nucléaires de la République islamique et une frappe iranienne sur la base américaine d’al-Udeid au Qatar.
Le président américain Donald Trump a affirmé que cette trêve était « désormais en vigueur », après avoir accusé les deux pays, principalement Israël, de l’avoir violé et demandé à son indéfectible allié de ne « pas lâcher » de nouvelles bombes sur l’Iran. Les deux ennemis jurés ont promis qu’ils « riposteraient » à toute violation de la trêve.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, a assuré que ce sont les États-Unis qui ont envoyé des messages à l’Iran pour qu’il arrête la guerre, dans une interview accordée à Al-Mayadeen, chaine d’information libanaise. « Washington doit compenser les pertes subies par les installations iraniennes et nous déposerons des plaintes auprès des Nations Unies », a-t-il affirmé, dénonçant le bombardement des capacités scientifiques et technologiques du pays.
Selon l’AFP, en Israël, aucune alerte n’a cependant été signalée depuis 07H45 GMT et, en Iran, l’armée a rapporté pour la dernière fois des attaques israéliennes à 05H30 GMT.
Le gouvernement israélien avait annoncé mardi matin avoir accepté la proposition américaine de cessez-le-feu et affirmé que « tous les objectifs » de la guerre, déclenchée dans le but affiché de neutraliser le programme nucléaire iranien, avaient été atteints.
Les objectifs israéliens avortés
Téhéran, en criant « victoire », a affirmé avoir forcé son ennemi à « cesser unilatéralement » la guerre et prévenu que l’Iran restait « en alerte ». Assurant que son programme nucléaire a été préservé et toujours posséder des stocks d’uranium enrichi. Des experts estiment que l’Iran pourrait avoir évacué le matériel nucléaire des sites touchés.
Son président Massoud Pezeshkian s’est engagé à ce qu’il respecte le cessez-le-feu, mais à la condition qu’Israël fasse de même.
« L’ennemi n’a pas réussi à atteindre ses objectifs de guerre, à détruire nos installations, à faire reculer notre programme nucléaire et à susciter des troubles internes », a-t-il affirmé.
Et d’ajouter : « Nous avons transmis un message important : le coût de leur aventure contre l’Iran est extrêmement élevé… L’ennemi a subi de lourdes pertes malgré le strict secret et la censure imposés sur ses pertes. »
Une « leçon » à Israël
Les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, ont affirmé avoir infligé une « leçon » à Israël.
Dans les derniers instants avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, les Gardiens ont « frappé des centres militaires et logistiques du régime sioniste (…) infligeant une leçon historique et inoubliable à l’ennemi », ont-ils indiqué dans un communiqué.
Dans la soirée, des milliers d’Iraniens ont afflué dans la place Engelab (révolution) à Téhéran pour célébrer cette victoire et affirmer leur soutien aux forces armées. Des manifestations similaires ont eu lieu dans plusieurs villes iraniennes.
Du jamais vu en Israël
Israël avait attaqué l’Iran par les airs le 13 juin, accusant une nouvelle fois Téhéran de vouloir se doter de l’arme atomique.
La République islamique, qui dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil, a riposté en multipliant les tirs de missiles et de drones sur Israël. Bombardant entre autres des sites militaires et du renseignement.
Les destructions causées dans les villes israéliennes sont du jamais vu depuis son implantation.
« Fin officielle » de la guerre
Dans la nuit, Donald Trump avait annoncé que les deux pays avaient accepté un cessez-le-feu « complet et total » qui devait déboucher sur « la fin officielle » du conflit.
Le Qatar a affirmé avoir « persuadé l’Iran » d’accepter un cessez-le-feu et exhorté Washington et Téhéran à reprendre leurs pourparlers sur le nucléaire.
Les appels au respect de la trêve se sont multipliés à travers le monde. Paris et Berlin, tout comme l’opposition israélienne, ont aussi appelé à la fin de la guerre dans la bande de Gaza, en parallèle au cessez-le-feu avec l’Iran.
Israël : « Tout le monde est fatigué »
Au matin, avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, l’Iran a lancé l’une des attaques les plus violentes contre Israël, causant des destructions énormes dans la ville de Beersheba au sud. Une enquête de l’armée d’occupation estime que l’ogive du missile utilisé dans cette riposte transportait entre 300 et 500 kg d’explosifs.
Officiellement, 4 personnes ont été tuées, et plus de 100 autres blessées, ce qui porte le bilan à 28 tués et 3.238 blessés. L’armée constate qu’ils ont été tués dans les pièces fortifiées dans lesquelles ils s’étaient abrités. Un soldat fait partie des tués.
Le site Calcasit rend compte d’une perte de de 5 milliards de dollars pendant ces 12 jours de guerre.
Selon l’AFP, Tammy Shel, une habitante de Tel-Aviv, a dit mettre tous ses espoirs dans un cessez-le-feu. « Je l’espère vraiment. Tout le monde est fatigué. Nous voulons juste avoir l’esprit en paix. Pour nous, pour les Iraniens, pour les Palestiniens, pour tout le monde dans la région », a-t-elle confié à l’AFP.
L’armée israélienne a de fait levé mardi soir les restrictions imposées à la population pendant le conflit, mais a prévenu, par la voix du lieutenant-général Eyal Zamir, que « la campagne contre l’Iran n’était pas terminée » et entrait dans un « nouveau chapitre ».
Le chef d’état-major a dit par ailleurs que l’armée allait se concentrer de nouveau sur la bande de Gaza, où selon un récent bilan elle a tué 56.077 personnes et blessé 131.848 depuis le 7 octobre 2023.
Israël va « riposter avec force à la violation du cessez-le-feu par l’Iran », a prévenu son ministre de la Défense Israël Katz.
Iran : « il ne tiennent pas leurs promesses »
« Je ne pense pas qu’il soit tenable », affirme Ahmad Barqi, un vendeur de produits électroniques de 75 ans pour l’AFP, manifestement sceptique quant au respect par Israël du cessez-le-feu. « Nous aimerions qu’il soit respecté, mais ils ne l’appliquent pas, ils ne tiennent pas leurs promesses », ajoute-t-il en pointant du doigt les Israéliens.
Des médias iraniens, dont les quotidiens Etemad et Ham Mihan, ont rapporté mardi après-midi des explosions dans le nord de l’Iran, après l’annonce par Donald Trump, d’un cessez-le-feu, dont il a ensuite répété qu’il était entré en vigueur.
Etemad et Ham Mihan ont évoqué « des bruits d’explosions » et l’activation des systèmes de la défense anti-aérienne à Babol et Babolsar, deux localités situées à plus de 200 kilomètres au nord-est de Téhéran, au bord de la mer Caspienne. L’origine de ces explosions n’était pas clair dans l’immédiat.
Avant le début du cessez-le-feu, une frappe avait fait neuf martyrs dans le nord de l’Iran, selon l’agence Fars.
Un scientifique lié au nucléaire a également été tué par une frappe israélienne, selon un média d’Etat.
Dans la nuit, une série d’explosions avait secoué Téhéran, selon des journalistes de l’AFP, parmi les plus violentes dans la capitale depuis le début de la guerre. Elle est intervenue après l’attaque inédite lancée par l’Iran contre la base militaire américaine d’al-Udeid au Qatar, en représailles aux raids américains menés le week-end sur trois sites nucléaires iraniens.
En Iran, la guerre a fait au moins 610 martyrs et plus de 4.700 blessés, selon un bilan officiel qui ne recense que les victimes civiles.
Les plus hauts gradés du pays ainsi que des scientifiques du nucléaire sont aussi tombés en martyrs. Bon nombre d’entre eux ont péri dans des raids de drones ou des attentats perpétrés contre leur domicile par des agents internes à la solde d’Israël. Une importante chasse aux agents a permis d’arrêter des dizaines d’agents.
Source: Divers