Le samedi 2 juin , 70 tribus arabes syriennes se sont rencontrées dans la région Deir Hafer, dans la province est d’Alep, au nord de la Syrie, dans le cadre d’une conférence baptisée « les tribus syriennes contre l’ingérence étrangère et américaine », en Syrie, a rapporté l’agence russe Sputnik.
Originaires de 4 provinces syriennes, Alep, Raqqa, Deir Ezzor et Hassaké, elles ont convenu de former les Unités de résistance populaire tribale pour résister contre la présence américaine, turque et française sur le sol syrien, rejetant toute présence ou incursion de troupes militaires de n’importe quel pays sur le sol syrien, sans l’aval du gouvernement syrien.
Cette décision intervient quelques jours après les propos du président syrien Bachar al-Assad dans lesquelles il a déclaré que le nord syrien doit être libéré de ses trois occupants turc, français et américain.
Quelques heures avant la tenue de la rencontre, le chef de la diplomatie syrienne Walid al-Mouallem assurait que « la présence des forces américaines, turques et françaises, si elle est avérée, constitue une force d’occupation illégitime ».
« Les unités de la résistance tribal seront une véritable réserve pour l’armée arabe syrienne dans la défense de la patrie et pour affronter toute présence étrangère sur son sol », souligne le communiqué publié par cette rencontre.
Le texte affirme son attachement à l’Etat syrien dans les frontières reconnues internationalement. « Le peuple syrien dans toutes ses composantes et ses communautés est le seul apte à élaborer la Constitution du pays », indique-t-il aussi, assurant que « le seul président légitime du pays est celui qui est élu par le peuple ».
Le communiqué des tribus syriennes a aussi dénoncé les positions de certains pays arabes qui ont acquiescé une demande du président américain d’envoyer des troupes arabes et des mercenaires pour remplacer ses troupes.
« Les unités de la résistance tribale attendent impatiemment l’heure où ces troupes entreront sur le sol syrien pour leur donner ainsi qu’à leurs gouvernements une leçon qu’ils n’oublieront jamais », met-il en garde.
Le texte s’adresse aussi aux kurdes syriens : « vos êtes des citoyens syriens et nos frères. Ne permettez-pas aux agresseurs de vous utiliser pour réaliser leurs convoitises et leurs projets colonisateurs dans la région. Ne plantez-pas les graines du mal mais celles du bien…vous n’avez que la Syrie comme patrie unifie… ceux sur qui vous avez misé dans le passe et au présent dans la ville de Afrine vous a vendus et rien ne l’empêche de vous vendre à nouveau ».
Le texte fait sans doute allusion à l’accord conclu entre la Turquie, bête noire des Kurdes et les Etats-Unis leurs alliés sur la ville de Afrine qu’Ankara veut à tout prix occuper.
Dans son interview avec RT, M. Assad avait dit que le gouvernement allait dans un premier moment se concerter avec les Forces démocratiques syriennes, la milice à majorité kurde qui combat sous la coupe de la coalition internationale menée par les USA. Mais si le dialogue échoue, le gouvernement procéderait alors à l’option militaire, avait menacé le président syrien.
Le communiqué des tribus a pour sa part accusé la milice kurde des Unités de protection du peuple kurde (YPG) d’avoir tenté de torpiller la tenue de cette rencontre tribale en interdisant à une délégation d’une cinquantaine de personnalités tribales originaires de la province de Hassaké de participer à la rencontre des tribus.
Ses membres ont été séquestrés dans le siège des renseignements et ont été accusés de coordonner leur action avec le Hezbollah et l’Iran. L’YPG les a aussi menacés de les empêcher de rentrer chez eux s’ils participent à la conférence.
Selon Sputnik, des sources tribales ont soupçonné les Etats-Unis d’être derrière ce genre de mesure « humiliantes et agressives à l’encontre des tribus ».
Selon l’agence iranienne Press TV, la conférence des dirigeants des tribus syriennes peut être un prélude pour contrer les velléités séparatistes, le long de la côte orientale de l’Euphrate, depuis le sud de Hassaké jusqu’à l’est de Deir ez-Zor où les réserves de gaz et de pétrole sont abondantes.
L’éditorialiste du quotidien Raï al-Youm, Abdel Bari al-Atwan a évoqué le sujet dans un article qui s’interroge sur la possibilité d’une guerre de « guérilla contre les États-Unis et leurs alliés».
« Lorsque le président syrien Bachar al-Assad a souligné que la prochaine cible de l’armée syrienne constituait les zones du nord et de l’est de la Syrie, qui sont sous contrôle des FDS, soutenues par les 2.000 militaires américains déployés dans la zone, beaucoup ont été surpris de cette proposition dans la mesure où les yeux étaient plutôt rivés vers le sud de la Syrie, plus précisément vers Quneitra, Deraa et al-Tanf, aux frontières communes« .
La décision des tribus syriennes rappelle celle de leurs homologues irakiens qui ont joué un rôle décisif contre l’occupation américaine de ce pays, avant l’entrée en action d’Al-Qaïda.
Source: Divers