La réponse d’Israël aux manifestations palestiniennes à Gaza a été « totalement disproportionnée », a estimé le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein, qui soutient l’idée d’une enquête internationale indépendante.
« Le fort contraste dans le nombre de victimes des deux côtés suggère que la réponse (d’Israël) était totalement disproportionnée », a déclaré le Haut-Commissaire en ouvrant une session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur la situation « dans les territoires occupés palestiniens ».
« Les morts résultent d’un usage illégal de la force », a-t-il affirmé, soutenant « les appels de nombreux Etats et observateurs en faveur d’une enquête qui soit internationale, indépendante et impartiale ».
Selon lui, les actes des manifestants palestiniens ne semblaient « pas constituer de menace imminente de mort ou de blessure mortelle pouvant justifier l’usage d’une force meurtrière ».
Il a rappelé que les Palestiniens avaient les mêmes droits que les Israéliens mais que, « de fait, ils sont retenus captifs dans un taudis de leur naissance à leur mort ».
« L’occupation doit cesser, pour faire en sorte que les Palestiniens puissent être libérés, mais aussi pour que le peuple d’Israël en soit libéré. Mettez fin à l’occupation, et la violence et l’insécurité s’estomperont largement », a estimé M. Zeid.
En réponse, Aviva Raz Shechter, la représentante permanente d’Israël au Palais des Nations, siège de l’ONU à Genève, a déploré qu' »une fois de plus », le Conseil des droits de l’homme verse dans « une obsession anti-Israël » et se laisse duper par « l’utilisation cynique que fait le Hamas de son propre peuple ».
« Malheureusement, ce que cette session extraordinaire a déjà réussi à faire, c’est récompenser la stratégie de la terreur du Hamas et l’usage qu’il fait des civils comme boucliers humains pour faire progresser ses activités terroristes visant les citoyens d’Israël », a-t-elle déclaré.
« Institution détraquée »
« C’est déplorable que ce Conseil, qui prétend être intéressé par la vérité, soit aveugle sur la réalité du terrain et condamne de manière injustifiable Israël alors qu’il ne fait que protéger sa population », a insisté Mme Raz Shechter.
Le représentant des Etats-Unis, Theodore Allegra, a apporté son soutien à Israël, estimant que le Conseil, en se réunissant ainsi, avait « pris aveuglement partie ».
« Il est clair que le Hamas est responsable de la flambée de violence », a-t-il jugé, qualifiant d' »hypocrite » la décision du Conseil de réunir cette session, dépensant ainsi « inutilement temps et argent » alors que d’autres urgences devraient appeler son attention.
Selon lui, le Conseil démontre ainsi qu’il est une « institution détraquée ».
La demande de cette session extraordinaire, « officiellement présentée par la Palestine et les Emirats arabes unis », avait été « soutenue par 17 Etats-membres du Conseil », sachant qu’il faut le soutien d’au moins un tiers des 47 membres (soit 16) pour la convoquer.
Le Conseil doit se prononcer en cours de journée sur l’envoi en « urgence d’une commission d’enquête internationale indépendante », un projet de résolution présenté par le Pakistan au nom de l’Organisation de la Coopération Islamique.
Parallèlement, trois experts de l’ONU ont appelé Israël à revenir sur sa décision de ne pas renouveler le permis de travail du directeur de l’ONG Human Rights Watch en Israël et Palestine, Omar Shakir.
Cette décision « apparaît résulter uniquement de son travail et de sa défense des droits de l’homme », déplorent dans un communiqué Michael Lynk, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme en Palestine, David Kaye, rapporteur spécial pour la promotion et la protection de la liberté d’expression, et Michel Forst, rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme.
Source: AFP