Encerclés à près de 2 millions dans une enclave de 365 km2, les Palestiniens de la bande de Gaza continuent de protester à la frontière contre l’occupation israélienne et pour réclamer leur droit de retour.
Ce 6 avril, deuxième vendredi de suite du rassemblement baptisé la marche du Grand retour, a été le théâtre d’une nouvelle confrontation disproportionnée entre les soldats de l’occupation israélienne, armés jusqu’aux dents et les jeunes palestiniens munis de pierres.
Le vendredi du caoutchouc
Au menu, une idée toute nouvelle : les jeunes palestiniens ont apporté avec eux des centaines de pneus en caoutchouc et les ont brûlés à la frontière avec les territoires palestiniens occupés de 1948. Raison pour laquelle ils ont baptisé cette journée « le vendredi du caoutchouc ». Selon l’AFP, les soldats israéliens ont installé un énorme ventilateur de quelque deux mètres de haut avec l’objectif apparent de dissiper la fumée. Ce qui n’a pas empêché la fumée noire de parvenir jusqu’aux régions habitées par les colons israéliens, indiquent les médias israéliens.
Portraits de Salmane et fils brûlés
Des médias palestiniens cités par le site Arabs48 ont pour leur part indiqué que certaines manifestants sont parvenus à franchir la barrière de séparation à l’est de Rafah et au centre de la bande de Gaza et ont lancé des pierres en direction des véhicules militaires israéliens.
La télévision libanaise al-Mayaden Tv a en outre indiqué que des manifestants palestiniens ont brûlé aussi les portraits du roi saoudien Salmane et de son fils héritier Mohamad Ben Salmane, lesquels avancent à grands pas vers la normalisation avec l’entité sioniste, au détriment de leurs droits.
4 martyrs dont un garçon
Dans un dernier bilan délivré par le ministère palestinien de la Santé ce vendredi vers 16h30 (heure locale), il est question de trois jeunes palestiniens qui sont tombés en martyrs et 250 autres ont été blessés, tous par balles réelles, dont 10 se trouvent dans un état grave.
Le premier martyr âgé de 29 ans s’appelle Nizar Mouhareb. C’est du côté de Khan Younès qu’il a été abattu.
Un jeune garçon est aussi tombé en martyr à l’est de la bande de Gaza, rapporte l’agence palestinienne Maan.
« Je tomberai en martyr aujourd’hui. Je traverserai la frontière », a lancé Ahmed Abou Ghali, 20 ans, en montrant sa blessure qui a nécessité 20 points de suture, infligée lors des protestations le 30 mars. « J’ai été blessé mais j’ai réussi à fuir l’hôpital », a-t-il poursuivi, selon l’AFP.
Selon l’agence palestinien Maan, les soldats de l’occupation ont eu recours aux balles réelles, aux gaz lacrymogène disséminé via les drones. Ils ont essayé d’ouvrir une brèche dans la barrière de séparation afin de parvenir aux monts de pneus pour les éteindre.
Ces manifestations avaient été lancées depuis le 30 mars dernier, lors de la commémoration de la journée de la terre. Depuis 22 Palestiniens ont été tués.
« Gaza est libre »
Le commandant général du mouvement Hamas s’est rendu au rassemblement.
« Nous allons suivre la voie du martyr Yasser Arafat… Nous n’allons pas abandonner le projet national. Nous sommes sortis aujourd’hui et nous sortirons tout au long des prochains jours. Notre peuple les surprendra. Qu’ils attendent notre grande progression », a lancé Yahia al-Senwar.
Et de poursuivre : « Si la situation explose à Gaza, elle explosera au visage de l’occupant israélien. Nous sortons aujourd’hui pour dire au monde entier que Gaza est libre ».
Critiques de l’ONU
Malgré les critiques de l’ONU et de l’Union européenne, qui ont réclamé une « enquête indépendante » sur l’usage par Israël de balles réelles, les responsables israéliens ont refusé de modifier les consignes de tir.
« S’il y a des provocations, il y aura une réaction des plus dures comme la semaine dernière. Nous n’avons pas l’intention de changer les consignes de tir, nous restons sur la même ligne », a prévenu le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman.
S’inquiétant de nouvelles victimes, l’envoyé spécial de l’ONU pour le Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a appelé les forces israéliennes à la « retenue maximale » et les Palestiniens à éviter les frictions.
En marge des affrontements, les images en direct d’al-Manar montrent un grand nombre de femmes et d’enfants qui ont participé à la marche. Dans la bande de Gaza, la lutte contre Israël est une affaire familiale.
( Photos de Maan).
Source: Divers