Moscou n’a jamais développé, y compris du temps de l’URSS, de programme d’armes chimiques « Novitchok », l’agent innervant mis en cause dans l’empoisonnement d’un ex-espion russe au Royaume-Uni, a affirmé jeudi un haut diplomate russe.
« Il n’y a eu aucun programme de développement d’armes chimiques du nom de +Novitchok+ ni sous l’URSS, ni en Russie », a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, cité par l’agence Interfax.
Selon M. Riabkov, la Russie a en outre cessé toutes ses recherches en matière d’armes chimiques après la ratification de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, et elle a détruit tous ses stocks.
L’existence d’un tel agent a été révélée par un dissident russe qui se présente comme étant l’un des « pères » de Novitchok, Vil Mirzaïanov, 83 ans, et qui est aujourd’hui réfugié aux Etats-Unis.
Selon ses dires, il participait alors à un programme classé secret défense, au nom de code « Foliant » au sein de l’Institut de recherches d’Etat pour la Chimie et les Technologie organiques (GNIIOKhT).
Selon lui, le « Novitchok » qui s’attaque au système nerveux aurait été conçu dans le plus grand secret par des scientifiques soviétiques dans les années 1970-1980.
Moscou réclame une enquête
Le « Novitchok » a été mis en cause par les autorités britanniques dans l’empoisonnement au Royaume-Uni de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, hospitalisés depuis le 4 mars dans un état grave.
En campagne médiatique et politique contre Moscou en raison des divergences sur le dossier syrien entre autre, Londres n’a pas attendu pour accuser la Russie de cet empoisonnement survenu à Salisbury, Elle a vite annoncé l’expulsion de 23 diplomates russes et le gel des contacts bilatéraux avec la Russie.
La Russie, qui clame pour sa part son innocence, et dénonce une position britannique « absolument irresponsable », a promis des mesures de représailles. Elle réclame depuis le début de l’affaire, au Royaume-Uni de mener une investigation transparente, en utilisant des mécanismes de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
«Si Londres a de bonnes raisons de croire que la Russie viole la Convention sur l’interdiction des armes chimiques […] nous suggérons que le Royaume-Uni suive les procédures prévues par le paragraphe 2 de l’article 9 de la CIAC», a déclaré Alexandre Chulguine, représentant russe auprès de l’OIAC, lors de la 87e session de l’organisation.
Le diplomate russe faisait ainsi référence aux procédures d’investigation dans le cadre d’une utilisation présumée d’armes chimiques. Selon la CIAC, l’État sur le territoire duquel des armes chimiques auraient été employées peut demander au directeur général de l’OIAC de créer une équipe d’inspection afin de mener une enquête.
Ce mécanisme prévoit que les experts internationaux reçoivent un «accès à toutes zones susceptibles d’être atteintes par l’emploi qui aurait été fait d’armes chimiques» et aux échantillons des substances utilisées.
Cela signifie que Londres devra également divulguer les informations appropriées, y compris celles concernant les recherches consacrées au Novitchok supposément effectuées au Royaume-Uni depuis les années 1990.
Vassili Nebenzia, représentant permanent de la Russie auprès de l’Onu, a déclaré mercredi que des spécialistes avaient des raisons d’estimer que le Royaume-Uni avait lui-même la formule chimique de la substance Novitchok.
L’empoisonnement de Salisbury pourrait devenir la première affaire de la sorte investiguée par l’OIAC, créée en 1997 afin de contrôler le respect de la CIAC. Auparavant, les procédures prévues par la Convention n’avaient jamais été employées dans une affaire semblable à l’empoisonnement de Sergueï Skripal. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, l’Onu a établi des missions ad hoc afin d’étudier des allégations d’utilisation massive d’armes chimiques en Iran, en Azerbaïdjan et au Mozambique. Ces dernières années, l’OIAC mène une enquête en Syrie.
Sources: AFP, Sputnik
Source: Divers