A l’université américaine de Beyrouth, c’est la phobie de tout ce qui a trait à l’Iran, au Hezbollah et à l’hostilité contre Israël. C’est l’avis d’un observateur avisé qui suit de près les récentes décisions prises par le directeur de l’American University of Beirut (AUP) Fadlo Khoury, décisions qui bafouent frontalement le slogan qu’elle prône, et qu’elle affiche en tête de son site internet : « la liberté d’expression et de pensée ».
Tout a commencé lorsque des étudiants et des professeurs ont fait l’objet de pressions en raison de leurs prises de positions politiques.
Certains universitaires ont mêmes vu leur mandat non renouvelé pour avoir contesté le Printemps arabe ou pour avoir posté sur leur compte sur les réseaux sociaux des propos du secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah.
Deux clubs d’étudiants, l’un proche du parti communiste et l’autre du Hezbollah ont fait l’objet de tracasseries, sur l’instigation du président de l’université, Fadlo Khoury, qui a joué un rôle afin d’empêcher le jeune américain d’origine palestinienne Steeven Salayta de présider le Centre des études et des recherches américaines sous prétexte qu’il était antisémite, alors que ses positions étaient anti israéliennes.
Selon Al-Akhbar, des membres du corps académique de l’Université ont été avisés la semaine passée que dorénavant l’administration respectera à la lettre les sanctions américaines qui prohibent tout soutien aux groupes ou aux individus antiaméricains.
A ce titre, elle a refusé la participation d’un professeur d’université irano-américain D. Mohamad Marandi à une rencontre organisée par la BBC sur le thème de « l’impact du conflit irano-saoudien ». Plus tard, elle a décidé d’éliminer définitivement la tenue de la rencontre dans son enceinte, avançant comme motif qu’il lui est impossible de l’admettre par engagement pour les lois américaines.
Entre les deux décisions, la BBC avait proposé au Hezbollah de faire part à la rencontre, par la personne du vice-secrétaire général du Hezbollah cheikh Naïm Kassem ou des étudiants, ce qu’il a rejeté, au motif que le Hezbollah n’est pas concerné de parler au nom de la République islamique, rapporte al-Akhbar.
« L’université a grièvement entaché sa réputation. Je pense qu’elle ne pourra plus jamais parler de liberté d’expression », a taclé l’universitaire irano-américain M. Marandi pour le journal libanais.
L’année dernière, l’AUB a été condamnée par le Département d’état à la Justice américaine à payer une contravention de 700 mille dollars. Elle a été jugée coupable d’avoir entretenu « des liens avec des institutions liés au Hezbollah terroriste », en allusion à des sessions de formation médiatique avec la participation de journalistes venant de la Radio Nour et de la télévision al-Manar. Le paiement de cette somme a été suspendu à condition que l’AUB prenne des mesures de prévention pour ne pas que cela se répète.