Si Bruxelles s’est offert un bref moment de répit avec les résultats Allemagne, l’Italie pourrait lui donner des sueurs froides. Les élections s’y sont en effet soldées par une percée des formations eurosceptiques, anti-immigration, voire antisystème.
Nouveau séisme pour l’Union européenne ? La coalition formée par la Forza Italia de Silvio Berlusconi, la Ligue (ex-Ligue du Nord) et le petit parti Fratelli d’Italia (Frères d’Italie), a remporté 37% d’adhésion, en promettant un durcissement de la politique migratoire et une certaine défiance vis-à-vis de l’Union européenne (UE), surtout du côté de la Ligue.
Au sein de la coalition, ce parti dirigé par Matteo Salvini caracole en tête, devant la formation de Silvio Berlusconi qui avait pourtant adopté les mêmes positions favorables à l’expulsion de migrants tout en restant plus ambigu sur la question européenne.
De même, le Mouvement 5 étoiles (M5S) réalise une percée historique en remportant 32% des votes exprimés.
Avec son programme «anti-système», contre la corruption et opposé à l’UE, M5S devient ainsi le premier parti d’Italie non-coalisé en terme de voix. Le refus de toute coalition était d’ailleurs d’une promesse de campagne claironnée par son chef de file Luigi di Maio et par son fondateur Beppe Grillo. Même son de cloche du côté du groupe ralliant Forza Italia, la Ligue et Frères d’Italie.
Principal parti pro-UE, le Parti démocrate de Matteo Renzi (centre-gauche), enregistre la moitié du score réalisé aux élections européennes de 2014, avec environ 20%.
Le même 4 mars, le président français Emmanuel Macron avait qualifié la validation d’un nouvel accord gouvernemental de coalition en Allemagne avec la droite, menée actuellement par la chancelière Angela Merkel, de «bonne nouvelle pour l’Europe».
On peine à imaginer une réaction similaire après le scrutin italien du 4 mars, au sujet duquel Marine Le Pen avait dit : «L’Union européenne va passer une mauvaise soirée.»
Ingouvernable, l’Italie s’achemine vers de nouvelles élections
Et pour cause, il va devenir très difficile de piloter l’Italie. C’est le bilan que dresse un éditorialiste du quotidien italien La Stampa : «Tout cela ne conduit à aucune forme de gouvernabilité.»
Le président italien Sergio Mattarella devra donc confier un mandat exploratoire à celui qui semblera en mesure d’obtenir une majorité devant le Parlement au cours de prochaines semaines, ce qui n’arrivera pas avant la fin du mois de mars. C’est donc une nouvelle période d’instabilité politique qui s’ouvre en Italie, et qui débouchera vraisemblablement sur de nouvelles élections, dans un contexte de percée des mouvements opposés à l’Union européenne et, notamment à sa politique migratoire.
Un scénario que Bruxelles a évité de peu en Allemagne, où un nouveau scrutin aurait, selon les sondages été favorables au parti eurosceptique et anti-immigration de l’AfD.
Les frondeurs de l’UE se frottent les mains
A travers l’Europe, les principaux meneurs de la critique de Bruxelles se sont félicités des résultats en Italie. C’est notamment le cas de la présidente du Front National, Marine Le Pen qui a salué «une nouvelle étape de l’éveil des peuples».
Le Britannique Nigel Farrage, l’un des meneurs du mouvement pour le Brexit a pour sa part adressé ses félicitations à ses «collègues» du Mouvement 5 étoiles.
Le Néerlandais Geert Wilders, anti-immigration et eurosceptique, a quant à lui salué la performance de la Ligue en retweetant Matteo Salvini.
Si l’avenir politique de l’Italie, quatrième puissance économique de l’Union européenne, est incertain, une chose est sûre : les résultats du vote n’ont pas de quoi rassurer Bruxelles.
Source: RT