Les groupes terroristes qui occupent la Ghouta orientale et leurs alliés occidentaux et arabes s’emploient par tous les moyens à faire éviter à cette région le sort d’Alep. La libération de cette enclave située dans la banlieue est de Damas et son retour dans le giron de l’Etat syrien semblent bien être une ligne rouge pour eux, alors que Damas est décidée à clore ce dossier une fois pour toutes.
Après les efforts déployés au niveau des Etats, au sein du Conseil de sécurité, pendant plus d’une semaine, c’est au tour des factions armées de passer à l’acte. Elles ont décidé d’exclure leur compagnon de route d’Al-Qaïda, le front al-Nosra.
Rebaptisé front Fatah al-Cham et combattant avec d’autres milices dans le cadre de la coalition Hayat Tahrir al-Cham, ce groupe s’est démarqué verbalement d’Al-Qaïda l’an dernier, dans une tentative d’éviter le sort de son frère ennemi, Daech.Il vient d’être lâché par les milices avec lesquelles il a combattu depuis qu’il est entré en action en 2012.
Selon l’AFP, les groupes Faylaq al-Rahmane, Jaich al-Islam (wahhabite pro saoudien) et Ahrar al-Cham (pro turc) ainsi que des représentants de la société civile œuvrant dans la Ghouta orientale ont fait part de leur engagement à « évacuer les combattants de Hayat Tahrir al Cham, du Front al-Nosra et d’Al-Qaïda ainsi que leurs proches dans un délai de 15 jours à partir de l’entrée en vigueur de la trêve (…) ».
D’après l’AFP, ces groupes ont rédigé une lettre qui a été adressée au président en exercice du conseil de sécurité, le Koweïtien Mansour Al-Otaibi, ainsi qu’au patron de l’ONU, Antonio Guterres.
La position du front al-Nosra n’est pas encore connue, affirme la télévision al-Mayadeen.
Lors de la ratification de la résolution 2401 au sein du Conseil de sécurité, Moscou en avait exclu les milices takfiristes dont Daech et le front al-Nosra et leurs alliés.
Les civils interdits de sortie
Lundi, Moscou avait décrété une trêve humanitaire de 5 heures pour ce mardi, afin de permettre surtout l’évacuation de la population via un couloir humanitaire qui a été mis en place dans la localité al-Vafidine.
Selon le correspondant d’al-Manar, les groupes armés empêchent aux habitants de quitter la Ghouta orientale.
Même constat de la part du chef du groupe de contrôle dans la zone de désescalade, le général Victor Pankov, selon lequel les civils n’arrivent pas à quitter la Ghouta orientale car le couloir humanitaire censé assurer leur sortie est pilonné par les terroristes près de la localité d’al-Vafidine.
«Le couloir humanitaire destiné à assurer la sortie des civils de la zone de désescalade a été ouvert le 27 février à 9h du matin. Il est actuellement intensivement pilonné depuis la zone tenu par les combattants et aucun civil n’est sorti», a-t-il indiqué devant les journalistes.
Selon l’agence russe Sputnik, c’est la police militaire russe, appuyée par l’armée syrienne, qui est chargée d’assurer la sécurité à la sortie du couloir. Alors qu’un poste médical mobile ainsi que des cars destinés à transporter les civils dans des camps provisoires ont été positionnés dans la localité d’Al-Duvair, également proche du couloir.
Sur le terrain, des dizaines d’obus de mortier se sont abattus dans la nuit de lundi à mardi sur les quartiers résidentiels de Damas.
La trêve dépend des rebelles
Ce mardi, le Kremlin a lié l’avenir de cette trêve humanitaire quotidienne annoncée par Vladimir Poutine à l’attitude des rebelles et leurs « provocations ».
Interrogé sur un éventuel renforcement au-delà des cinq heures quotidiennes prévues, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répondu: « Cela dépend de la manière dont se comportent les groupes terroristes, s’ils continuent à faire feu, s’ils poursuivent leurs provocations ».
« Nous regrettons qu’en ce qui concerne la Ghouta orientale, nos vis-à-vis (les Occidentaux, ndlr) ignorent le désordre, la situation qui y est provoquée par les terroristes qui se protègent en tenant la population civile en otage », a-t-il poursuivi lors d’un point de presse, ajoutant que la Russie allait néanmoins « continuer le travail en vue de la mise en œuvre de la résolution » du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a indiqué qu’il fallait « vérifier dans la pratique à quel point les assurances des groupes armés quant au respect de la résolution de l’ONU correspond à leurs intentions ».
« Nous espérons que ceux qui ont une influence sur les opposants qui continuent de bombarder Damas prendront sur eux la responsabilité de les convaincre de la nécessité de mettre en oeuvre la résolution », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse commune avec son homologue français Jean-Yves Le Drian.
M. Le Drian a de son côté estimé que les cinq heures quotidiennes de trêve « ce n’est pas assez », même si elles représentent une « avancée réelle ». « Il faut profiter de cette trêve pour reprendre le dialogue sous l’égide des Nations unies », a-t-il ajouté.
L’armée russe a accusé mardi les rebelles d’avoir ouvert le feu sur le couloir humanitaire après son ouverture, rendant impossible l’évacuation des civils et des blessés et la livraison de l’aide humanitaire.
« Il n’y a eu aucune évacuation », a indiqué le général russe Vladimir Zolotoukhine cité par les agences russes trente minutes avant la fin de la trêve, qualifiant la situation sur le terrain de « difficile ».
Source: Divers