Le Bangladesh a recensé plus d’un million de réfugiés rohingyas vivant dans les camps à la frontière avec la Birmanie, a indiqué mercredi le responsable du projet d’enregistrement officiel sur fond de préparatifs de retours de réfugiés.
La Birmanie et le Bangladesh se sont donné cette semaine deux années pour organiser le retour des 655.000 Rohingyas qui ont quitté la Birmanie depuis fin août, fuyant une campagne militaire qualifiée d’épuration ethnique par les Nations unies.
Dans le but de faciliter ce programme controversé, l’armée bangladaise a lancé l’année dernière un enregistrement des réfugiés présents sur son territoire en émettant une carte basée sur leurs données biométriques.
« A ce jour, nous avons enregistré 1.004.742 Rohingyas. Ils ont reçus des cartes d’enregistrement biométriques », a déclaré Saidur Rahman, le général de brigade qui dirige ce recensement.
Selon lui, il reste encore plusieurs milliers de réfugiés à intégrer dans la base de données.
Ces chiffres sont plus élevés que les estimations de l’ONU selon lesquelles 962.000 musulmans rohingyas se trouvent au Bangladesh, legs de vagues de violences successives depuis un quart de siècle.
Une marée humaine a submergé cet automne le Bangladesh, pays parmi les plus pauvres de la planète, déclenchant l’une des plus graves crises humanitaires de ce début de XXIe siècle en Asie.
Dacca et Naypyidaw sont convenus d’une procédure pour permettre le retour de réfugiés ayant fui la Birmanie depuis fin août, à la condition que ceux-ci puissent prouver qu’ils résidaient dans le pays.
Cet accord, qui prévoit la construction de camps dans l’ouest de la Birmanie, est perçu avec un certain scepticisme. De nombreux réfugiés rohingyas refusent de revenir dans l’Etat Rakhine en Birmanie, jugeant que les conditions ne sont pas réunies pour un retour en toute sécurité.
« Le pire serait de déplacer ces personnes de camps au Bangladesh vers des camps en Birmanie », a averti le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) a été consulté mais n’a pas pris part à l’accord, contrairement à l’usage dans les plans de rapatriement.
Plus grande population apatride du monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous le régime militaire, les Rohingyas sont victimes de discriminations.
Ils n’ont pas de papiers d’identité et ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Ils n’ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux.
Source: AFP