L’Institut d’études stratégiques israélien Begin-Sadat a décrit dans un récent article la perspective d’une normalisation saoudo-israélienne qui devrait se faire sur la base d’un « accord de paix », accord qui apportera « tout » à Israël et « rien » à l’Arabie saoudite, si ce n’est la signature de l’accord en soi.
Le coordinateur de cet accord de paix, un certain Mordchaï Kedar affirme » si l’Arabie saoudite veut vivre en paix avec Israël, Tel-Aviv n’a rien contre. Mais c’est tout ce que Riyad a à y gagner. Pas question que la « paix » s’étende à d’autres dossiers. En d’autres termes, Israël pose ses conditions qui devront être acceptées telles quelles sans quoi il n’y aura aucune paix ».
Kedar convie très vivement les autorités israéliennes à être vigilantes sur le volet des « coopérations militaires », car « les Saoudiens ne passent pour des gens à tenir la parole « :
» En 1991, Riyad est revenu sur la totalité de ses accords militaires avec l’Irak de Saddam. En Syrie et au Yémen non plus, l’Arabie saoudite n’a pas fait preuve de respect de ses engagements. S’il arrive si facilement à verser du sang arabe, Riyad n’aura aucun mal à verser du sang juif. »
Kedar méprise par ailleurs « le système tribal » qui régit le pouvoir politique en Arabie saoudite et affirme que » ce sont les intérêts non pas de l’État, mais de la famille royale qui dictent le tout au royaume saoudien » : « Dans ce contexte, il est donc difficile de voir l’armée saoudienne s’engager dans une quelconque guerre aux côtés de l’armée israélienne ». Par voie de conséquence, » il n’existe aucune raison pour conclure un pacte défensif commun avec les Saoudiens ».
Le diplomate israélien renvoie ensuite à l’antécédent des relations israélo-arabes et en évoquant le cas égyptien, écrit : » L’époque où Israël se contentait d’une feuille de papier baptisé « accord de paix » est belle et bien révolue. Du temps de Sadate, Israël payait de sa poche pour imposer sa légitimité. »
« Riyad ne veut pas la paix avec Israël, mais sa protection face à l’Iran sinon il aurait fait de même que l’Égypte et la Jordanie. De plus, Israël n’a pas besoin des Saoudiens pour vivre sa vie. Il est là depuis 70 ans et il y restera encore pour 7000 ans (!!!) sans que la paix avec Riyad ne change quoi que ce soit à cette donne…Quant à la Palestine, si Riyad veut vraiment aider Israël, il n’a qu’à faire construire des colonies en Arabie saoudite pour accueillir tous les Palestiniens et Israël est prêt à lui communiquer ses expériences (!) ».
La partie la plus significative de cette analyse concerne la ville de Qods : L’accord de paix avec l’Égypte comportant un grand défaut. Begin a reconnu le droit des Palestiniens à avoir un État autonome. Avec les Saoudiens, il ne faut pas répéter cette erreur. Israël est prêt à reconnaître l’Arabie saoudite à titre d’État islamique si Riyad en fait autant et reconnaît Israël comme un État. Sinon pas la peine de faire la paix avec Riyad… D’ailleurs les Saoudiens n’auront rien en échange, aucune concession de notre part. Notre accord ne devra pas non plus être un accord de cessation des hostilités, mais un accord global portant sur le tourisme, l’économie, la science… Il faut que Riyad reconnaisse notre droit d’avoir nos ambassades là où nous le voudrons (à la Mecque, par exemple!) Si nos sportifs gagnent un match quelconque en Arabie saoudite, le monde devra avoir le droit d’entendre l’hymne d’Israël retentir en territoire saoudien ».
L’enquête réalisée par l’Institut israélien prouve à quel point le régime de Tel-Aviv a un mépris profond envers les régimes arabes qui voient pourtant auprès de lui « un allié de poids ».
Source: Press TV